J’avais envie aujourd’hui de vous emmener avec moi sur le terrain de la photographie argentique. Mi- janvier, cela a fait deux ans que j’ai commencé à m’amuser et à expérimenter avec cette pratique photo d’un autre temps qui me passionne de plus en plus. Il faut dire qu’elle est clairement compatible avec notre époque et un certain besoin de ralentir et de valoriser les choses !
J’ai choisi de mettre l’accent tout d’abord sur l’ensemble des pellicules photo découvertes et utilisées en l’espace de deux ans (couleur puis noir et blanc), et plus bas, je m’attarderai sur les quelques effets auxquels s’attendre parfois avec le fait de moins contrôler les choses (pour le meilleur ou le pire ?). En fin d’article, vous verrez que j’aborde une piste créative qu’il me tarde d’explorer davantage…
Vous me suivez ?
Les pellicules argentiques utilisées
Couleur
Kodak Gold 200
C’est la première pellicule que j’ai choisie au moment de débuter l’argentique, et c’est toujours l’une de mes préférées (avec la Portra 160 et la Fujfilm C200, sur lesquelles je reviendrai dans cet article). J’adore son rendu chaud et, comme son nom l’indique, bien doré. Je la trouve parfaite dans de nombreuses situations, même en voyage (je l’ai d’ailleurs étrennée, de même que mon tout premier appareil argentique, en Colombie !).
C’est un peu ma pellicule du quotidien. D’une pellicule (ou d’une numérisation de labo) à l’autre, et même d’un bout à l’autre d’une pellicule si je mets un peu de temps à la shooter (ou que les conditions varient beaucoup), la saturation et le contraste peuvent différer quelque peu, mais elle reste pour moi une valeur sûre !
Et même si j’ai vu son prix grimper nettement ces deux dernières années, elle reste l’une des pellicules les plus abordables et les plus simples à utiliser.
Fujifilm C200
Concurrente directe de la Gold 200, la Fujifilm C200 (pour 200 ISO) figure elle aussi parmi les pellicules les moins chères. Je l’ai shootée juste avant de quitter les Etats-Unis et plus récemment, soit près de deux ans plus tard, pendant les vacances de Noël. La première fois, j’avais pu noter le côté « pellicule grand public » dans le grain. J’avais, ceci dit, beaucoup aimé certaines photos (notamment un portrait de mon mari), mais j’avais été déçue par d’autres clichés… Si bien que je ne lui avais pas redonné sa chance avant fin 2021 !
Lors des dernières vacances de Noël, il s’est trouvé que c’est la seule que j’avais sous la main au moment de partir (il y a une certaine pénurie des pellicules couleurs depuis quelques mois). Par chance, cette pellicule est une 200 ASA et non 400 (pour une ambiance neige sur les 3/4 de la pellicule, cela me semblait plus raisonnable, car la neige réfléchit beaucoup la lumière). [Pour rappel, ASA = ISO, il s’agit de l’ancienne norme].
Au final, j’ai vraiment beaucoup aimé cette pellicule cette fois-ci, notamment son aspect bien vintage. Le grain de certaines photos ajoute un peu de charme (voir les deux ci-dessus ainsi que celles ci-dessous). Je trouve aussi que pour son prix, elle a une assez bonne latitude d’exposition : j’ai été surprise de ne trouver qu’une photo à peine sous-exposée, tout le reste de la pellicule était impeccable. Il va de soi aussi que c’est une pellicule qui se shoote plus facilement par grand soleil, ce qui peut expliquer ma déception il y a deux ans (malgré quelques contre-jours réussis).
Ektar 100
La Ektar 100 est une pellicule professionnelle qui offre une qualité intéressante (grain peu présent) et qui a tendance à saturer un peu les couleurs, ce qui est en général plus recherché pour le paysage que pour le portrait (j’ai quand même décidé de tester sur plusieurs sujets à l’occasion d’une pellicule à l’été 2020 et d’une autre l’été suivant).
Je la trouve agréable à shooter mais ce n’est pas un coup de cœur incroyable non plus. Elle peut être assez imprévisible dès que la lumière manque (évidemment, si des nuages passent, ses petits 100 ASA se font cruellement ressentir…). Et il faut noter par ailleurs que c’est une pellicule qui est devenue très chère en l’espace de 2 ans.
Kodacolor (Colorplus 200)
J’ai eu là encore un avis changeant avec cette pellicule (à part la Gold, il semblerait que les pellicules grand public ne me séduisent pas au premier coup d’œil !). La première Kodacolor que j’ai shootée, je lui ai trouvé beaucoup de grain et des ombres parfois très violettes. Certaines photos avaient cependant un rendu qui me plaisait énormément (notamment celle des tomates, plus bas).
Je l’ai choisie de nouveau pour un week-end à Arles et d’autres balades, et cette fois, j’ai trouvé le rendu plus doux et homogène. Ce n’est pour autant pas une pellicule que je souhaite shooter souvent (je lui préfère nettement la Gold 200 et la Fuji 200).
Fujifilm Pro 400H
J’ai découvert cette pellicule ironiquement quelques mois avant qu’elle soit discontinuée par Fujifilm. Je l’avais stockée un peu, si bien qu’en la shootant j’avais conscience de ne certainement pas en refaire beaucoup par la suite. Je ne sais pas si c’est cette nécessité inconsciente de ne pas m’y attacher, mais je n’ai vraiment pas eu un coup de cœur pour cette pellicule, qui est certes douce, mais limite un peu fade (à mon goût).
En hiver, c’est le combo perdant, aucune couleur ne ressort vraiment et je trouve que le résultat obtenu est vraiment banal, surtout pour le prix (c’est tout de même une pellicule Pro donc assez chère).
Kodak Portra 160
Autre pellicule douce, mais au rendu qui m’a semblé beaucoup plus agréable à l’œil : la Portra 160 !
Très pastel mais aux couleurs tout de même bien présentes, surtout avec un beau soleil (ce qui n’a pas toujours été le cas sur les photos ci-dessous, je l’admets !), elle tire un peu plus vers le doré que la pellicule précédente. Il y a en effet une différence connue entre la chaleur des pellicules Kodak et les pellicules Fujifilm, plus froides.
Une balade en Camargue ainsi qu’un séjour dans le Luberon m’ont donné l’occasion de davantage shooter cette pellicule en plein soleil : clairement, comme il s’agit d’une pellicule peu lumineuse, c’est bien là que l’on en exploite tout le potentiel !
Lomography Redscale XR 50-200
Au printemps 2021, j’ai réalisé en parallèle de photos avec une pellicule plus « lambda », des prises de vue à Aigues-Mortes ainsi qu’en Camargue, à Montpellier et à Agde avec une Lomo Redscale XR 50-200.
Il s’agit d’une pellicule un peu expérimentale, ce qui est le principe-même de la lomographie (vendue par la marque Lomography, dont le nom fait écho à la pratique). Pour le coup, cette pellicule m’a permis de plonger en plein dans l’esprit « lomo » car en plus de son originalité, elle avait quelques défauts (j’y reviendrai en dernière partie d’article).
Les photos « redscale » sont exposées sur l’envers de la pellicule. Ce procédé est tout-à-fait réalisable avec n’importe quelle pellicule, mais sous réserve de pouvoir la dérouler, l’inverser et la rembobiner en « chambre noire » (ce qui n’est pas mon cas). Lomography propose donc une pellicule redscale « prête à l’usage », et je trouve que c’est une bonne idée !
La colorimétrie est très sépia-orangée. Quant à la latitude d’exposition, elle est donnée pour 50-200 ISO : en la shootant plutôt à 50 comme je l’ai fait avec mon premier roll, normalement le rendu est moins rouge et plutôt orangé (je l’ai shootée aussi à 25 sans souci notable. Globalement, c’est une pellicule qui endure pas trop mal les changements d’ISO en cours de route ainsi que les erreurs d’exposition.
Ma première pellicule avait des tons verdâtres assez prononcés, qui se sont trouvés être beaucoup plus soft voire inexistants sur ma seconde pellicule, shootée l’automne qui a suivi. Ce rendu est l’un des défauts constatés sur ma première Lomo Redscale : si vous avez l’œil, vous aurez peut-être constaté sur celles ci-dessus de légères bandes violettes (mais encore une fois, j’y reviendrai en fin d’article).
Noir et blanc
Kentmere Pan 100
Au moment où j’écris cet article, j’ai toujours un amour particulier pour cette pellicule aux tons de gris bien présents et au rendu rétro et doux. Je n’ai pas, depuis ce test en mai 2020, trouvé de pellicule noir&blanc qui me plaise autant ! Comme son nom l’indique, la Kentmere Pan 100 est une pellicule de 100 ASA, donc réservée à une météo ensoleillée. De mémoire, cependant, il e semble l’avoir aussi shootée par temps voilé voire gris sans aucun souci. Je trouve par ailleurs que le grain de cette pellicule est subtil et très agréable.
Kodak Tri-X 400
C’est une pellicule qui m’a laissé un souvenir un peu mitigé. Je l’ai trouvée beaucoup trop contrastée à mon goût, car elle m’a forcée, en recevant les scans, à un post-traitement un peu exagéré sur les lumières (à noter que pour les photos argentiques, je ne retouche normalement que le cadrage et les perspectives ainsi que la lumière/le contraste, uniquement si nécessaire).
J’ai dû ici un peu déboucher des ombres en post-traitement, et je ne sais encore s’il s’agit d’un résultat dû à la pellicule, au développement ou à mon exposition au moment de la prise de vue (ou même à un défaut de mesure de lumière car je testais avec cette pellicule un tout nouvel appareil argentique).
Malgré tout, une fois ce travail de « récupération » effectué, il y a des photos que j’aime particulièrement pour leur rendu très graphique.
Ilford Pan F50
Encore plus contrastée que la précédente, la Ilford Pan F 50 ne m’a pas du tout donné envie de la reshooter. J’ai eu beaucoup de mal à sauver certaines photos, il y a parfois des traces un peu étranges (de pinceau ou rouleau) dont j’ignore l’origine, et à part un intérêt particulier pour la photo des toits de Montpellier en bas à gauche (avec tous les défauts qu’elle comporte), j’ai trouvé le reste de la pellicule difficilement exploitable et intéressant.
J’aime quand il y a une grande palette de tons gris (comme la Kentmere dont je parlais ci-dessus) et clairement, lorsque j’ai reçu les scans du labo, le noir prédominait largement comme si à nouveau l’ensemble de la pellicule était mal exposé ou comme si aucun profil adapté n’avait été application à la numérisation, ce dont je doute car il s’agit d’un bon labo (Arcanes Photo à Montpellier). J’ai tout de même réussi à retravailler certaines photos pour leur redonner des nuances, mais je ne trouve pas le résultat global dingue.
Ilford FP4+ 125
La Ilford FP4+ 125 est une pellicule que j’ai testée très récemment. Elle m’est revenue assez contrastée mais avec un petit peu de retouche sur les ombres, j’aime beaucoup le rendu obtenu. Je trouve que les tons de gris sont élégants et que son léger grain sur certaines photos est très agréable.
N’ayant pas testé davantage de pellicules noir & blanc que les 4 que je viens de mentionner, je peux dire que celle-ci est à l’heure actuelle ma seconde préférée (elle ne détrône pas la Kentmere Pan 100, mais qui sait en les shootant chacune davantage ?).
Quelques surprises
La double-exposition accidentelle
Au printemps 2020, j’ai acheté un Pentax SP500 sur les conseils d’un internaute sur un groupe Facebook, alors que j’avais fait part de ma volonté de shooter avec les objectifs en monture M42 que je possède (et qui me servent pour l’heure avec mes appareils numériques hybrides). C’était bien avant mon Pentax ME, et clairement, j’ai tellement peu aimé le SP500 qu’il a failli me vacciner des Pentax à tout jamais (pour l’anecdote, mon tout premier boîtier « sérieux » était pourtant un Pentax) ; je ne l’aurais peut-être pas acheté si je n’avais pas cru qu’il était lui aussi en monture M42 (ce qui n’est pas le cas du ME, c’est une monture K classique chez Pentax).
Bref, ce SP500 je ne le porte pas dans mon cœur car je n’en aime ni le look ni le fonctionnement et que parce que mes pellicules s’y attachent difficilement (ça fait toujours mal de payer un développement dans le vide, comprendre, pour une pellicule non-exposée car n’ayant pas su s’enrouler correctement)… Cet appareil, entre autres bizarreries, m’a permis néanmoins de réaliser bien malgré moi (mais à ma plus grande joie) les trois double-expositions ci-dessous. Pour faire court, le compteur de vues ayant rencontré un problème, j’étais arrivée en fin de pellicule alors que le compteur m’en indiquait 5 restantes. Après réinsertion de la pellicule dans le boîtier (dans le noir évidemment) et déclenchement avec cache pour ne pas exposer à nouveau les vues déjà réalisées, j’ai réalisé les 5 que je pensais devoir rester à shooter. Lorsque j’ai reçu les scans, j’avoue avoir été très surprise de découvrir ces doubles expositions (de loin les meilleurs clichés de la pellicule), mais pour une fois avec ce boîtier, la surprise fut bonne !
La double-exposition volontaire
D’erreur à action volontaire, il n’y a parfois qu’un pas, et ma première Lomo Redscale a été l’occasion de tenter délibérément la double-exposition (et d’apprendre à la réaliser sans avoir à exposer l’ensemble de la pellicule une seconde fois). J’ai remis le couvert par la suite pour des shots très précis, mais parfois, en me trompant dans la manœuvre, ce qui m’a valu d’autres surprises.
Avec cette technique créative, le résultat est toujours inattendu et surprenant : j’adore ! Je pense même réaliser prochainement une pellicule intégrale noir & blanc surexposée, cette fois en l’insérant deux fois dans mon appareil et en prenant bien soin la première fois de délimiter au posca l’emplacement du capteur en insérant le film (afin de caler parfaitement ce dernier au moment de le réinsérer pour le deuxième passage).
Quelques « défauts » de pellicule/boîtier
Il n’est pas rare de voir apparaître des défauts sur les films, mais je trouve que c’est justement ce qui fait tout le charme de l’argentique. Une fuite de lumière comme sur la photo ci-dessous n’apporte-telle pas un je-ne-sais-quoi d’onirique et mystérieux à ce champ de maïs (qui, avouons-le, aurait été tristement banal sans) ?
Comme je l’ai évoqué plusieurs fois au cours de cet article, la première pellicule de Lomo-Redscale que j’ai shootée a laissé apparaître quelques défauts, notamment un voile blanc sur toute la pellicule, des fuites de lumière semblant ne pas être dues à l’appareil (moyen de vérification : sur le négatif, elles ne dépassent pas la partie exposée), quelques bandes violettes ainsi que certaines traces étranges bleutées.
Avec cette étrange pellicule, j’ai exceptionnellement choisi de faire quelques retouches sommaires. J’ai compensé le voile blanc pour retrouver le rendu originel de la pellicule et j’ai retiré les traces les plus laides ainsi que certaines fuites de lumière (mais pas tous les défauts non plus, car certaines traces me semblaient intéressantes).
Je ne retouche jamais les couleurs en argentique (par principe), mais je retravaille en revanche l’exposition et/ou le cadrage si nécessaire (et parfois, notamment en noir & blanc, le contraste ou la luminosité). Hormis cette pellicule parce qu’elle cumulait trop de défauts, j’ai pour habitude laisser les fuites de lumière rencontrées ainsi que les traces (du moins lorsqu’elles semblent dues à la pellicule et non au processus de numérisation).
Est-ce que cette petite rétrospective de mes découvertes argentiques vous a plu ? Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire ! 🙂
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