Salem. Vous avez sûrement déjà lu ou entendu ce nom, peut-être même connaissez-vous la sombre histoire qui se cache derrière cette ville du Massachusetts. Si ce n’est pas le cas, petite piqûre de rappel avant de vous présenter Salem en images.
J’ai pour ma part visité deux fois cette ville, l’une en octobre dernier (en compagnie de ma belle-mère), l’autre en décembre (en compagnie cette fois de ma belle-sœur). Forcément, l’ambiance en octobre un peu avant Halloween était assez dingue (beaucoup plus que deux mois plus tard, il faut bien avouer). Mais pourquoi donc, vous demanderez-vous (même si le titre de l’article vous donne quand même un bon indice) ? Mais pour ces sorcières, pardi !
Enfin, sorcières… En réalité, c’est le qualificatif donné en mars 1692 par toute une population, à l’initiative de quelques jeunes filles de Salem Village (aujourd’hui Danvers), tout près de la ville de Salem (historiquement Salem Town, qui quant à elle fut le théâtre des procès et le lieu où vivaient la majorité des victimes de cette terrible et réelle histoire).
L’histoire des Sorcières de Salem
Hystérie ou sorcellerie ?
L’histoire des Sorcières de Salem débute avec des accusations portées par Betty Parris, Ann Putnam et Abigail Williams, issues de familles de notables. Samuel Parris, le père de Betty et donc oncle d’Abigail était en effet le pasteur puritain du village. En l’absence de réel gouvernement tant la région était délaissée administrativement et économiquement parlant par l’Angleterre, cet homme disposait d’un grand pouvoir.
Betty et Abigail furent un jour jugées hystériques, ou plutôt, possédées par une forme d’hystérie que la médecine ne parvenait ni expliquer ni à soigner. À cette époque coloniale et sous l’influence du puritanisme, qui disait comportement non explicable médicalement, disait comportement sataniste (forcément). Il fallait donc qu’on leur eût jeté un sort, et il fallait bien sûr dès lors trouver qui en était à l’origine.
Les coupables désignées comme étant responsables de leur hystérie furent, pour commencer, deux femmes sans le sou ainsi que la domestique (esclave) de leur père. Ces femmes furent donc incarcérées pour cause de sorcellerie. L’hystérie des jeunes filles continuant malgré cela, ces dernières donnèrent petit à petit d’autres noms (animées très certainement par des rancœurs et différents autour de leur famille).
Lorsque la folie s’étend…
L’hystérie devint collective lorsque l’esclave de Samuel Harris, alors emprisonnée, avoua qu’elle était bien une sorcière, mais loin d’être la seule à Salem. En à peine 2 mois, de nombreux autres suspects furent interrogés puis emprisonnés, et Salem Village devient l’épicentre d’accusations qui s’étendirent bien au-delà de ses frontières, dans les villages et villes environnantes (et jusqu’à Boston), durant près d’un an et demi.
Les procès de Salem se tinrent l’été 1692, lorsque l’arrivée d’un gouverneur donna une légitimité juridique à la région. Ils désignèrent les accusés comme coupables de sorcellerie. Les exécutions allèrent bon train jusqu’à ce que le clergé de Boston stipule préférer des sorcier(e)s à tort en liberté plutôt que la condamnation (mortelle) de dizaines d’innocents, mettant ainsi fin à ce qui était littéralement une véritable chasse aux sorcières.
Il était temps, car le bilan de ce massacre d’innocents était déjà lourd… Sur les centaines de personnes accusées, une trentaine avait été condamnée et, une fois exclues les personnes déjà mortes en prison, près d’une vingtaine de victimes avaient été pendues. Seul un fermier ayant refusé de se défendre lors de son procès avait été condamné à une « mort dure » (on lui posa de nombreuses pierres sur le corps jusqu’à lui écraser la poitrine). Parmi les victimes pendues, on dénombrait 13 femmes (la plupart étant vieilles et misérables, l’archétype parfait de la sorcière pour une population crédule) et 6 hommes (parmi eux, un homme de culte s’opposant au puritanisme et un policier ayant refusé d’arrêter certaines femmes accusées à tort).
C’est cette histoire de sorcières, et surtout les excuses publiques du pasteur Parris et des jurés quelques années plus tard, qui contribuèrent à diminuer l’influence du puritanisme aux Etats-Unis.
Salem aujourd’hui
Aujourd’hui, on soupçonne ces crises d’hystérie d’avoir été provoquées par le « mal des ardents » ou ergotisme, ce fameux trouble causé par l’ergot de seigle et dont on retrouve des traces également en France (si le sujet vous intéresse, je vous incite à écouter cette émission de France Inter sur Pont-Saint-Esprit). Cependant, ce n’est que l’une des nombreuses théories, mais c’est sans doute la plus logique et plausible, les conditions hygrométriques des sols des cultures d’orge et seigle ainsi que les circonstances climatiques du printemps et de l’été 1692 étant particulièrement favorables au développement de l’ergot.
Quoiqu’il en soit, Salem voue aujourd’hui une sorte de culte à ces prétendues sorcières mais surtout victimes, et les célèbre donc chaque année à l’occasion d’Halloween (et même jusqu’à un mois avant). En 2016, alors qu’une équipe de chercheurs finit par localiser le probable lieu des exécutions, un parc est créé et une statue rendant hommage aux victimes est alors érigée.
Une visite de Salem en images
L’hyper-centre
Au cœur de Salem, il existe un musée sur ces fameuses « sorcières », et sans l’avoir visité, je vous le conseille déjà davantage que les attractions de maisons hantées (celle que nous avons visitée pour le fun en espérant avoir un peu peur était tout simplement un attrape-touristes : $9 pour à peine 8 minutes de visite et 1 ou 2 sursauts à peine même au « niveau 10 de la peur », à fuir absolument !).
Le Heritage Trail
Pour visiter la ville, il est possible de suivre un circuit au sol, nommé Heritage Trail (une ligne rouge, comme la Freedom Trail de Boston), ce qui permet de visiter les principaux centres d’intérêt (comme la maison au 7 pignons par exemple – The House of 7 Gables, qui a cependant un intérêt assez restreint à moins peut-être d’y entrer). Comme toute ville dont le tourisme est fondé sur une histoire précise au point d’en devenir un véritable business, la moindre visite est très coûteuse. L’intérêt de Salem réside davantage dans l’ambiance dans les rues à l’approche d’Halloween, sinon une simple visite de 2h vous permet d’en faire le tour (avant de visiter d’autres villes comme Marblehead par exemple).
Le bord de mer
A ne pas manquer sur la côte (mais accessible à pied depuis le centre car Salem n’est pas une ville très grande), un joli phare bas à l’américaine. De mémoire, le circuit du Heritage Trail y mène.
De nombreuses œuvres (films, séries, romans, pièces de théâtres…) abordent ou évoquent l’histoire des sorcières de Salem. Vous la connaissiez déjà, vous ?
16 Commentaires
Cosmic Sam
8 février 2019 at 22 h 19 minDe très belles photos qui nous font découvrir la fameuse Salem sous un autre jour…
parenthesecitron
9 février 2019 at 18 h 32 minMerci beaucoup, ravie que mes photos te plaisent ! <3
Constance
9 février 2019 at 5 h 32 minJe viens de finir de lire « les filles de Salem » une BD sur le sujet, j’étais toute retournée après cette lecture, même en connaissant l’issue. Ton article tombe à pic pour rester plongée dans cette ambiance particulière.
parenthesecitron
9 février 2019 at 18 h 32 minAh oui je l’ai repérée, je me suis noté la référence de côté pour quand je reviendrai en France ! 😉
MelunaLifestyle
9 février 2019 at 18 h 30 minJ’ai adorée ton article, le paysage je suis très fan de ce genre d’endroit 🙂
parenthesecitron
9 février 2019 at 18 h 33 minMerci, contente que le sujet t’intéresse ! C’est une ville assez simple (par rapport à d’autres alentours) mais avec une histoire plutôt riche !
Misszastyle
9 février 2019 at 18 h 33 minMerci pour cet article qui donne envie de visiter la ville….tout en évitant les pièges à touristes. Très belles photos également…
parenthesecitron
9 février 2019 at 18 h 35 minMerci pour ce gentil retour ! Ayant en effet été très déçue par certains aspects (tout payant, très cher et valant moyennement le coup – voire pas du tout en ce qui concerne les maisons hantées), je préfère orienter vers ce qui à mon avis a plus d’intérêt 🙂
Emmanuelle CM
9 février 2019 at 19 h 05 minSacré histoire ! Je dois avouer que je ne connaissais Salem que de nom mais sans connaitre l’histoire qui se cache derrière. C’est sûr que l’ambiance autour d’Halloween doit être d’autant plus particulière !
parenthesecitron
9 février 2019 at 19 h 07 minCe n’est pas très gai mais oui, c’est une bonne histoire, qui explique en effet toute l’effervescence de la ville en octobre 🙂
Joyful Dreams
9 février 2019 at 23 h 59 minMerci beaucoup pour ce ceg article super intéressant 🙂 J’aimerais beaucoup visiter Salem, car sa légende m’attire beaucoup. J’adore tout ce qui touche le paranormal et l’étrange. En plus la ville a l’air d’être très jolie alors ça vaut le coup je pense 🙂
parenthesecitron
10 février 2019 at 2 h 06 minOui moi aussi, sans croire quoi que ce soit de particulier, ce sont des phénomènes que je trouve intéressants voire même passionnants dans certains cas ! 🙂
Mathilda Hirtz
27 février 2019 at 17 h 25 minCoucou! Je n’ai jamais visité cette ville, et je pense que je ne la visiterais pas cette année. Pourtant, je serais très curieuse d’y ressentir au moins une fois l’atmosphère qu’elle dégage… Ca doit être spécial, presque inexpliquable. Le paranormal me fiche vraiment les jetons, mais je crois que je suis assez curieuse pour oser!
A bientôt,
Mathilda
parenthesecitron
3 mars 2019 at 15 h 46 minBonjour, merci pour ton commentaire ! Honnêtement le côté paranormal ne se ressent pas tant dans cette ville, elle se traverserait presque sans que l’on remarque son histoire (on se demanderait juste pourquoi un mois avant Halloween on y croise plein de gens déguisés). Par contre, quelques vitrines et points d’intérêt viennent mettre en lumière ce passé, pour peu que l’on y prête attention.
alexandru
19 mars 2019 at 9 h 40 minBravo pour votre travail !!
parenthesecitron
20 mars 2019 at 2 h 21 minMerci beaucoup, c’est un plaisir ! 🙂