Cet article est un peu personnel et aborde, après deux ans et demi d’expatriation à Donostia (San Sebastián), les aspects positifs et négatifs que je constate à propos de cette ville. (edit : je suis restée dans cette ville 3 ans et demi avant de déménager à Boston]
Ce que j’aime à Donostia
La diversité des activités
Les activités possibles à l’intérieur de la ville et en dehors sont plutôt nombreuses, entre marche avec vue agréable (bord de mer, parc…), lecture sur la plage (ou dans les cafés), le tourisme et la randonnée dans les alentours (sur la côte ou en terrain plus montagneux), les visites de musée / expo), les fêtes locales (elles sont plutôt nombreuses, entre la Tamborrada, la Semana Grande, la Santo Tomas, les festivals…). Les Espagnols sortent beaucoup et cela se ressent au coeur de la ville, toujours animée (à part peut-être le dimanche matin vers 9 / 10h).
Donostia était Capitale Européenne de la Culture en 2016 (en même temps que Wroclaw en Pologne), ce qui a permis de profiter de rues animées et vivantes en quasi permanence (voir par exemple mes photos du festival Olatú Talka).
La douceur de l’hiver
Il ne fait jamais vraiment froid en hiver, les températures ne tombant pas en-dessous de 5 degrés (ou rarement). On n’y craint donc pas beaucoup le gel, et c’est plutôt pratique et appréciable ! Revers de la médaille, il n’a neigé qu’une fois en deux ans et demi et pour à peine deux heures (juste le temps de prendre quelques photos)… [edit : il a neigé aussi une journée en février 2018, le temps d’avoir plusieurs centimètres et un record de neige depuis les années 80 -les photos ci-dessous sont celles de 2015-, mais rien à voir avec les hivers que nous connaissons désormais à Boston !]
La facilité de la langue
L’espagnol est une langue assez simple (bien plus que le français), qu’il m’a fallu continuer de réapprendre (les deux ans de master m’ayant heureusement rafraîchi la mémoire peu de temps avant). Même si je suis encore bien loin de le parler à la perfection, j’ai apprécié de pouvoir communiquer rapidement avec les habitants et amis que l’on s’est faits peu à peu, même si c’était bien sûr assez chaotique au début (ça l’est encore parfois au cours de certaines discussions en fonction du vocabulaire qu’il me manque pour m’exprimer sur un sujet précis ou de l’accent de mes interlocuteurs).
Je suis tout de même maintenant surprise de comprendre si bien l’espagnol à la radio par exemple, quand il m’était si difficile il y a quelques années encore de retranscrire le contenu d’une extrait audio diffusé en cours… Je ne suis pas certaine que d’autres langues soient si évidentes à assimiler même si déjà apprises par le passé, il s’agit donc pour moi d’un véritable atout concernant cette expatriation.
Le prix du café
J’apprécie le prix des cafés ici comme dans toute l’Espagne (en moyenne 1,50€ le café con leche, bien moins pour un café cortado ou expresso). Ce prix très abordable me permet de squatter régulièrement les cafés sans me ruiner (surtout par rapport à la France, le contraste me revient en effet dès la frontière retraversée !).
La diversité des quartiers
A Donostia, chaque quartier (Parte Vieja, Centro, Gros, Antiguo, Egia…) a vraiment une architecture et une ambiance qui lui sont propres. Après plus de deux ans et demi, je ne me lasse toujours pas de la ville, et cette dernière offre en outre de nombreux panoramas magnifiques (vues depuis les monts Igeldo, Urgul et Ulia) !
L’offre culinaire
La ville est réputée pour posséder le plus de restaurants étoilés au km², et la gastronomie de Donostia est en effet un de ses attraits majeurs. Mais même sans passer la porte des adresses les plus prestigieuses, la découverte des saveurs et les goûts sont au rendez-vous, depuis les bars à pintxos jusqu’aux restaurants. En étant végétarienne il y a bien sûr beaucoup moins de choix pour moi… Cependant, je ne le suis devenue qu’après 6 mois à Donostia, j’avais donc goûté les spécialités à mon arrivée et largement pu confirmer la bonne réputation de la ville !
Ce que j’aime moins
L’été
Les températures en été ne sont pas toujours idéales pour qui redoute un peu la chaleur, même si elles sont très comparables au Sud de la France. Le pire reste cependant à mes yeux l’effervescence touristique à la belle saison, un inconvénient majeur lorsqu’on vit dans une telle ville, mais nécessaire à son économie… C’est finalement un peu le même problème qu’à La Rochelle, ma ville natale. Les plages et bars à pintxos (et jusqu’aux places de parking dans ma rue) sont pris d’assaut : ce qui est un réel plaisir hors-saison devient alors très vite moins agréable pendant ces deux à trois mois durant lesquels je dois apprendre à partager les beautés de la ville, ou à la fuir pour (re)découvrir moi aussi d’autres contrées.
Le coût de la vie
Hormis le café et la plupart des denrées alimentaires en commerce, la vie est assez chère à Donostia, qui accuse son passé de ville balnéaire accueillant reines et haute-bourgeoisie. Les loyers sont notamment les plus chers d’Espagne avec Madrid et Barcelone (dans un quartier surplombant le centre-ville sans en être trop éloigné, nous payons 800€ pour environ 35m², sans aucune charge incluse…).
Si le prix du ticket de bus unitaire coûte 1,70€, soit à peu près ce que proposent de grandes villes en France, la différence réside dans le fait que Donostia ne propose qu’un faible réseau de bus (il n’y a aucun métro ni tram). De plus, la compagnie Dbus ne propose aucun abonnement mensuel ou annuel, de sorte que pour un résident le trajet coûtera 0,90€ (et un peu moins au-delà de 50 trajets par mois). C’est un peu cher, surtout quand on sait qu’à part quelques lignes, les bus ne passent que toutes les 20 à 30 minutes, voire une fois par heure, s’arrêtent en majorité à 20h l’hiver, 21h l’été (hormis quelques lignes mais rarement intéressantes en ce qui me concerne). Ce coût est cependant un peu compensé par celui assez faible, en comparaison, des trajets qui relient deux villes de la région ou ailleurs en Espagne (pour aller à Hendaye, première ville française derrière la frontière, cela ne me coûte que 5€ aller-retour) : en gros, mieux vaut voyager loin pour amortir le coût d’un billet !
Avoir Internet, de surcroît à un plus faible débit qu’en France, y coûte également plus cher : 1 go de data nous coûte par exemple une douzaine d’euros par mois, et les sms et les appels restent payants, là où en France tout est aujourd’hui illimité avec une offre de data bien plus généreuse. Nous avons pourtant pris une offre disponible en ligne uniquement (pas de boutique physique) pour réduire les coûts…
Le manque de discrétion
C’est un fait que nous avons constaté dès nos premières journées dans la ville, les Donostiarras parlent très fort dans les bus, dans la rue ou dans les cafés. On entend également presque tout de la vie de ses (toujours nombreux) voisins, car les logements sont rarement bien isolés (hormis ceux qui sont très récents). Ici, les habitants ne baissent pas non plus toujours le volume dans des endroits où l’on attendrait pourtant un peu de calme eu égard au lieu en lui-même ou aux gens qui le fréquentent (lieu public exigu, open-space, bibliothèque, hôpital etc.).
Étant habituée à parler à voix normale en appartement et à parler à voix normale ou faible le reste du temps, de manière à ce que seuls mes destinataires profitent de la conversation, j’ai toujours du mal à m’habituer (de même que mes oreilles). [edit : c’est la même chose aux Etats-Unis, et après 5 ans de vie à l’étranger, je ne m’habitue toujours pas, mais c’est peut-être à mettre sur le compte d’une certaine hypersensibilité…].
La langue basque
A la fois un trésor culturel pour la ville (car il s’agit de la langue européenne la plus ancienne) et une curiosité pour ses visiteurs (notamment en raison du double affichage permanent et de certaines polices typiques sur les façades), la langue basque (euskara) est pourtant un réel frein pour qui souhaite s’intégrer professionnellement. La connaissance de cette langue (loin d’être évidente puisqu’il s’agit d’un isolat, c’est-à-dire qu’elle ne partage aucune racine avec une autre) est en effet requise pour 90% des contextes de travail.
A Donostia pourtant, on entend parler davantage espagnol que basque dans les rues (à part certains enfants ou jeunes adultes), et cela s’explique par le fait que la dictature franquiste a longtemps interdit la pratique de cette langue. Ainsi, même si une forme de résistance a eu lieu au coeur de certains villages ou de certaines familles, de nombreux Basques n’échangent pas en euskara, ou peu. Dans la mesure où l’espagnol me semble largement dominer (sauf peut-être au coeur de certains petits villages), je soupçonne les Basques de chercher à s’éviter toute concurrence extérieure sur les offres de travail en imposant la pratique de la langue comme un critère obligatoire…
Mis à part ces quelques bémols, vivre à San Sébastian est un réel plaisir au quotidien, et la sensation d’être en vacances en permanence n’est jamais bien loin ! Enclavée entre montagnes et mer, c’est une destination que je conseille vraiment. Si vous projetez de la visiter, ne manquez pas mes conseils touristiques.
15 Commentaires
Laura de BBxMarmotte
11 juin 2017 at 16 h 32 minCette ville a l’air bien jolie et paisible ! Je suis justement expat à Wroclaw 🙂 Comme toi j’aime moins quand les touristes arrivent dans ma ville haha. C’est cool que tu maitrises l’Espagnol, c’est une jolie langue, malheureusement j’ai perdu énormément depuis le lycée !
parenthesecitron
11 juin 2017 at 22 h 06 minLa ville est en effet à la fois calme et dynamique, un équilibre que je trouve parfait en fait 🙂 J’aimerais mois aussi beaucoup visiter Wroclaw car ça a l’air très joli, et pour parcourir ton blog de temps en temps et avoir des amis polonais, l’envie devient plus forte !
Kleine Morgane
11 juin 2017 at 22 h 00 minJ’ai eu l’occasion de faire un long weekend à San Sebastian et j’ai beaucoup aimé ! Les paysages sont superbes, surtout la colline avec le château : une bonne balade et une belle vue ! Par contre, j’ai été un peu déçue de la plage et de la propreté de l’eau…
J’ai aussi rédigé un petit article sur ce weekend si tu veux le découvrir.
parenthesecitron
11 juin 2017 at 22 h 04 minJ’y vais de ce pas, merci pour ton commentaire ! Je te rejoins sur la propreté de l’eau (personnellement je ne me baigne jamais, parce que je n’aime pas ça et parce que ça ne m’incite en effet pas trop…). On va dire que ça dépend beaucoup des saisons, mais la mer charrie en effet beaucoup de déchets et les touristes abandonnent malheureusement aussi beaucoup de choses derrière eux 🙁
Kleine Morgane
11 juin 2017 at 22 h 13 minOui j’ai vu qu’il y avait beaucoup de saletés sur les plages… Mais la ville reste très jolie quand même 🙂
sarah Ymum
12 juin 2017 at 10 h 01 minJe n’y suis passée que quelques heures au détour d’un roadtrip dans la péninsule, mais je pense vraiment y retourner pour de bon un jour, cette ville a l’air très belle et de regorger de petites découvertes à dénicher !
parenthesecitron
12 juin 2017 at 12 h 22 minElle mérite de s’arrêter un ou deux jours en effet 🙂
Chloé
16 juin 2017 at 11 h 56 minJe n’y suis jamais allée mais ton article est méga intéressant! Ça donne envie d’aller passer un week-end hors saison 🙂
parenthesecitron
16 juin 2017 at 12 h 08 minMerci ! Je te conseille effectivement d’y aller hors-saison (mai / juin ou octobre / novembre sont les meilleurs mois), c’est beaucoup plus sympa ! 🙂
REMI
28 avril 2019 at 20 h 46 minLa sélection par la connaissance de la langue basque s’appelle ailleurs « préférence régionale ». Elle existe en France lorsque des gens d’une autre région trouve un emploi par exemple dans le midi. C’est bien sûr enfermant mais cela protège de l’envahissement. Dans une ville comme San Sebastian où les transports sont insuffisants, où se garer est d’une grande difficulté ( et coûteux!), où le climat est assez doux, l’usage du 2 roues motorisé s’impose ( rapidité + efficacité ). J’ai aussi eu du mal avec les voix qui parlent très fort (transport, restaurant, lieux publics) aussi j’ai toujours sur moi un walkman+récepteur radio de format réduit qui me permet de m’extraire. Cette région et cette ville restent fières de leur passé mais aussi de leur art de vivre qui reste pour moi un exemple. Venant de France, j’ai été étonné de croiser sur des bancs publics des gens très âgés en discussion , à des heures où en France on s’enferme depuis bien longtemps. Donc, comme beaucoup de villes en Espagne, on se déplace en toute sécurité. Et puis la « passagiata » en fin d’après midi montre une société conviviale et préférant l’air naturel à l’enfermement.
parenthesecitron
29 avril 2019 at 16 h 51 minPour moi qui ai du mal avec le concept même de « frontière », je trouve ça un peu pénible mais il faut avouer que cela permet au pays basque (surtout côté espagnol car la langue basque s’entend bien moins côté français) de faire ressortir fortement sa culture (qui moi aussi m’a beaucoup séduite). Sur le reste je suis d’accord, j’ai adoré que la ville soit animée jusque tard, et aussi beaucoup le dimanche (parfois choquée de voir des tout-petits encore debout à 22h, mais le système est différent) ; pour le volume sonore des conversations, depuis cet article je m’étais davantage habituée (paradoxalement c’est la première ville où j’ai lâché mes écouteurs et je pense que ça a aidé mes oreilles à s’habituer à l’espagnol et que ça m’a permis au final de mieux me l’approprier). C’est la même chose aux US, je suppose finalement que c’est nous Français qui sommes vraiment très discrets.
pierre
22 octobre 2020 at 21 h 13 minQuand vous dites : » je soupçonne les Basques de chercher à s’éviter toute concurrence extérieure sur les offres de travail en imposant la pratique de la langue comme un critère obligatoire… »
Moi je soupçonne les français de chercher à s’éviter toute concurrence extérieure sur les offres de travail en imposant la pratique de la langue comme un critère obligatoire… »
Si vous voulez travaillez en France, vous apprenez le Français.
Si vous voulez travailler au pays Basque vous apprenez le basque.
C’est la langue officielle, avec le castillan.
C’est un peu compliqué à comprendre pour les Français, mais c’est important que cela soit un critère important. Si les basques ne le parlent plus, qui le fera à leur place?
parenthesecitron
22 octobre 2020 at 21 h 37 minJe ne suis pas d’accord avec vous. Personne n’empêche les Basques de parler leur langue, mais pourquoi en imposer la pratique aux étrangers, qui doivent déjà maitriser le Castillan pour s’intégrer à plus grande échelle (pays) ? Pour comparer ce qui est comparable, c’est comme si du côté français, pour travailler à Hendaye ou Saint-Jean-de-Luz par exemple, on obligeait les Espagnols (ou Italiens par exemple) à maîtriser le basque (différent du basque espagnol d’ailleurs, qui lui-même possède pas mal de variantes) en plus de la langue française. Que je sache, ce n’est pas le cas, et de surcroît, je ne vois pas d’annonce de travail qui précise le point « maîtrise de la langue française obligatoire ». Bref, que les écoles encouragent l’apprentissage du Basque est une très bonne chose (qui se perd malheureusement en France pour de nombreuses régions), mais que cela devienne un argument discriminant au travail, beaucoup moins. Il faut comprendre que c’est tout de même une langue particulièrement complexe à apprendre, qui plus est quand on se forme déjà au castillan en parallèle et que l’on sait que l’on vivra de manière éphémère dans la région… Le travail facilite l’intégration dans un pays, en fermer (ou diminuer grandement) les chances aux étrangers revient à leur refuser ce droit et donc à leur refuser une immigration réussie. Cela amène, en quelque sorte, un territoire à se refermer sur lui-même (et ce n’est pas ma conception de l’ouverture et de la fraternité entre peuples, mais libre à vous de penser l’inverse).
Naranja
24 octobre 2020 at 15 h 18 minBonjour,
Merci pour ton article ! Très intéressant !
Je cherche un petit apartement pour ma mère à louer en cette période début d’année donc hors saison. Idéalement dans un premier temps un meublé avec 1 ou 2 chambres pour qu’elle teste et ensuite un F3 non meublé si la vile lui convient. As tu des recommandations de site en ligne ? je parle espagnol.
Muchas gracias
parenthesecitron
25 octobre 2020 at 17 h 22 minMerci ! Malheureusement ma recherche d’appartement là-bas remonte à 2014/2015, je ne suis donc plus très au fait des sites qui existent pour ça (de mémoire, Milanuncios, Segunda Mano…). On avait trouvé notre première location facilement puisqu’elle était proposée d’emblée à mon mari pour quelques mois, dans le cadre de son travail et le temps de trouver autre chose. Ensuite, on a trouvé notre « vrai » appartement via le réseau lié à la résidence du premier, donc je ne saurais malheureusement recommander un site plutôt qu’un autre. Je te souhaite bonne chance pour les recherches.