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Expatriation

Paroles d’expatrié(e)s #3 : Léonor (belge expatriée à Budapest, Prague puis Paris)

Pour cette troisième édition de notre rendez-vous mensuel autour des expériences d’expatrié(e)s, c’est Léonor, belge ayant vécu à Budapest et Prague avant de s’installer à Paris, qui prend la parole.

(Et par moments vous trouverez mes commentaires, en italique).


Où vis-tu et depuis quand ? Est-ce ta première expérience en tant qu’expatriée ?

Je vis à Paris depuis 2 ans. Je suis expatriée depuis janvier 2015 et Paris est ma troisième ville d’expatriation. Avant elle, il y a eu Budapest, où j’ai vécu un an, et Prague, où j’ai vécu près de trois ans. Mon expatriation n’a pas été ma première expérience internationale, parce que pendant mes études j’ai eu la chance de vivre quelques mois dans deux villes d’Espagne : Salamanca et Barcelona.

Qu’est-ce qui t’a amenée à partir de Belgique et pourquoi ce choix de ville(s)/pays précisément ?

L’élément déclencheur, ça a été mon Erasmus (à Salamanca).

Avant cette expérience, je ne me voyais pas vivre autre part qu’en Belgique, mais en revenant je me suis rendu compte que la Belgique n’était plus pour moi. L’une des choses principales que je ne supportais plus dans mon pays, c’était la météo : son ciel gris et ses hivers trop longs. Je suis une fille de l’été, et vivre en Espagne m’a fait prendre conscience que l’été ne doit pas forcément se résumer à deux mois sur douze ! Et puis outre la météo, il y avait ce sentiment général de ne plus me sentir à ma place. Ça n’a pas changé depuis : je me sens toujours vivre un peu plus fort quand je suis ailleurs.

Une fois mon diplôme en poche, j’ai donc décidé de chercher un travail n’importe où sauf en Belgique. J’ai toujours voulu retourner vivre en Espagne (je compte m’y installer d’ici quelques années) mais j’avais envie de découvrir d’autres endroits du monde d’abord.

C’est le hasard complet qui m’a fait atterrir à Budapest : j’ai postulé pour un job qui correspondait à mon profil et j’ai été embauchée. Je suis ensuite partie à Prague avec mon entreprise de l’époque, qui fermait ses bureaux à Budapest et avait transféré ma position dans la capitale tchèque. Et puis Paris, j’y suis arrivée car j’y ai suivi mon copain, à qui on avait proposé un job là-bas.

Je n’ai donc choisi aucune de ces destinations. Je n’avais d’ailleurs jamais mis les pieds à Budapest et à Prague avant d’aller y vivre. Quant à Paris, j’avoue que même si elle a réussi à me séduire depuis mon emménagement, au début je ne voulais pas aller y vivre. Nous y avons emménagé le 31 octobre 2018 et je disais d’ailleurs que c’était ma petite histoire d’horreur personnelle !

Prague
(photos que vous pouvez retrouver dans mon article-récit de ma découverte de la ville à Noël 2015)

Quels sont pour toi les avantages et inconvénients de la vie d’expat ?

Pour moi, le plus gros désavantage c’est sûrement d’être loin de ma famille. Mes amis belges me manquent évidemment aussi, surtout quand je me rends compte que je rate beaucoup de moments de leur vie. Je reviens souvent pour les grands moments, comme les mariages, mais ce qui fait parfois grincer mon cœur, c’est de rater les petits moments de la vie de tous les jours, ceux qui paraissent souvent insignifiants et sont pourtant précieux.

Un autre désavantage important, c’est celui de devoir se refaire des amis à chaque changement de ville (ou à chaque fois que tes amis expats décident de partir pour d’autres horizons). Je me suis fait beaucoup d’amis dans chaque pays où j’ai vécu et je les aime beaucoup, mais ces amitiés restent souvent trop superficielles à mon goût.

[NDLR : pour notre part, mon chéri et moi avons réussi à nous faire de bons amis partout où l’on a vécu, que ce soit dans les nombreuses villes en France ou à l’étranger… Je pense que c’est aussi grâce à la durée de chaque expatriation (plus on reste à un endroit, plus ces amitiés ont le temps de se renforcer). Certes, on ne voit plus forcément souvent certains amis, mais on se tient au courant au fil de l’année, et quand on se revoit -parfois après plusieurs années à échanger seulement par messages ou de rares skype-, on a l’impression de s’être quittés la veille ! Au départ aussi vécue comme un inconvénient, je chéris à présent cette facette de l’expatriation qui nous a amenés à rencontrer tout un tas de gens supers !]

Et puis à part ça, il y a évidemment les interminables démarches administratives, le fait de ne pas savoir dans quel magasin se rendre pour acheter certaines choses ou celui (à Prague et à Budapest) de faire face à la barrière de la langue.

Mais honnêtement, même si j’ai commencé par les inconvénients, pour moi ils ne font pas le poids face aux avantages de la vie d’expat. Je ne souffre pas du tout du mal du pays dont beaucoup d’autres expats parlent, par exemple.

Une chose qui m’a toujours fascinée, c’est de voir comment les gens vivent partout dans le monde, et la vie d’expat m’en a donné un petit aperçu très précieux. J’adore aussi ce sentiment de me retrouver dans une nouvelle ville et de pouvoir me l’approprier à ma façon, en partant de zéro. Et puis la grande amoureuse de voyages que je suis adore le fait d’avoir toujours quelque chose à découvrir dans mon nouveau pays et de rencontrer des gens de partout (parce que quand on est expats, on a tendance à rencontrer majoritairement des expats).

D’une certaine façon, je trouve la vie plus excitante comme ça.

As-tu une petite anecdote à raconter au sujet de ton expatriation ?

J’en ai sûrement beaucoup mais celle qui me vient à l’esprit maintenant c’est que mon expatriation m’a permis de rencontrer mon copain. Il est Brésilien et je l’ai rencontré à Budapest, ce qui a toujours tendance à mettre un regard bien confus sur la tête des gens à qui on le raconte. Le plus drôle peut-être, c’est qu’on s’est rencontrés lorsque l’on travaillait tous les deux dans une grosse entreprise multinationale dont les origines sont belgo-brésiliennes :).

J’ai aussi envie de dire qu’en tant qu’expat, j’ai souvent eu l’impression de vivre dans un autre monde que celui dans lequel évoluent mes amis belges. Comme je l’ai dit, la plupart de mes amis sont expats aussi (c’était d’autant plus le cas à Prague) et très peu d’entre eux sont mariés, ont des enfants ou ont une maison. Alors qu’en Belgique, c’est tout le contraire ! On vit vraiment à deux vitesses différentes. Et je dis ça sans amertume ou jalousie aucune, je trouve ça juste fou.

[NDLR : Ce décalage dont parle Léonor, c’est aussi quelque chose que je ressens et expérimente, et qui à mon avis, ne se comblera pas forcément.]

paris en été
Paris
(photos à retrouver dans mon article Paris en été)

Est-ce un mode de vie que tu recommandes ? Quels seraient tes conseils ?

Oui, oui et oui ! Sans hésiter ! Ça ne doit pas forcément être pour toute la vie, mais vivre ne serait-ce que quelques mois à l’étranger est une expérience tellement enrichissante que je ne peux que la recommander.

Le premier conseil que je donne toujours à ceux qui se lancent, c’est de rejoindre le groupe Facebook d’expats de la ville où ils vont vivre. C’est ce que je fais à chaque fois et je trouve que ces groupes sont des petites merveilles. Non seulement on peut y poser toutes les questions qu’on veut (de « où acheter … » à « quel médecin me recommandez-vous pour … » en passant par « quel est le meilleur endroit pour … » ou « comment remplir l’encadré B4 de ce papier administratif »), mais on peut aussi y rencontrer des gens. Parce que si on se sent seuls quand on arrive dans une nouvelle ville, il ne faut pas oublier qu’il y a sûrement plein d’autres personnes dans le même cas que nous qui sont aussi à la recherche de nouveaux amis !

[NDLR : c’est ce qu’on a fait pour Boston et je ne saurais que trop recommander de le faire moi aussi, on y a fait nos plus belles rencontres entre expats !]

À ceux qui ne savent pas encore où partir ou comment s’y prendre, je conseille aussi de se renseigner sur les nombreux moyens mis à notre disposition pour s’expatrier. Ça peut par exemple être via un programme de l’État qui offre la possibilité de passer un certain temps à l’étranger, mais aussi via notre propre entreprise si l’on travaille dans une multinationale, ou via d’autres multinationales implantées à l’étranger. Moi, c’est via cette dernière option que je suis partie, après avoir trouvé un job sur LinkedIn (je recommande d’ailleurs chaudement d’avoir un profil LinkedIn à jour, détaillé et en anglais). À ce sujet, à moins que l’on ne compte aller vivre dans un des rares pays francophones du monde, il est important d’avoir un niveau d’anglais plutôt bon avant de partir. Il ne faut pas être bilingue, mais il faut pouvoir tenir une conversation, car les chances sont très faibles que vous atterrissiez dans une entreprise où tout le monde parle français.

Et puis à ceux qui ont envie de partir mais qui ont peur, je dis toujours : foncez. Si vous laissez la peur vous empêcher de partir, vous prenez l’énorme risque de passer le reste de votre vie à vous demander comment ça aurait été si vous étiez parti.

Il y a aussi des gens qui ont parfois peur de partir et de se rendre compte rapidement qu’ils n’aiment pas leur nouvelle vie, mais je dis toujours qu’il n’y a aucune honte à vouloir retourner dans notre pays plus tôt que ce qu’on pensait. Ce qu’il faut retenir, c’est que vous ne perdrez pas votre vie entière en partant. Vos amis, vos habitudes et tout ce que vous aimez dans votre pays seront toujours là quand vous reviendrez. Parce qu’en réalité, quand on part, la chose qui change le plus, c’est nous.

[NDLR : j’aime tellement cette conclusion !]


Voilà, j’espère que le témoignage de Léonor vous aura plu. Merci encore à elle pour cette contribution ! Vous pouvez la retrouver sur Instagram (@leoo_nor) ainsi que sur son blog La vida fuera de Bélgica. Elle y a publié notamment récemment un article-bilan sur ses 5 ans d’expatriation (à travers les questions qu’on lui pose souvent).

A propos

Hello et bienvenue ! Photographe spécialisée dans le mariage et la famille (@poesieboheme), je suis aussi blogueuse sur les thématiques du voyage et du slow living. J'aime révéler la poésie du quotidien à travers mes photos et savourer les moments simples. Après quinze ans de pérégrinations dont un peu plus de 5 à l'étranger, j'ai fini par poser mes valises à Montpellier.

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