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France / Occitanie

Nîmes : une petite escapade pour remonter le temps

Nîmes, ville d’Art et d’Histoire, m’attirait depuis longtemps. Enclavée entre les Cévennes et la Méditerranée, située à 40 km d’Avignon et un peu moins de 50 km de Montpellier, c’est en vivant à présent au cœur de cette dernière que j’ai eu l’occasion de la visiter il y a une quinzaine de jours. En effet, en partant de Montpellier, Nîmes est à moins d’une heure de train, ce qui fait d’elle l’escapade parfaite pour un samedi automnal ! Détail intéressant, de nombreux TER en Occitanie sont à prix très très bas (certains trajets sont à 1€ !), ce qui rend l’escapade vraiment accessible à tou(te)s.

De Nîmes, je n’avais entendu parler que des célèbres arènes. Découvrir d’autres nombreux héritages du passé, des fontaines de style ainsi que des détails tour à tour antiques, romans ou gothiques sur les façades, a été une très belle surprise.

Un peu d’histoire

À Nîmes, 2000 ans d’Histoire nous contemplent…

Au VIe siècle avant JC (non, pas Jules César !), des Volques Arécomiques (une tribu celte) s’installent autour d’une source, qu’ils vénèrent alors comme une divinité. En 120 avant JC, les Volques accueillent la présence des Romains et se battent même à leurs côtés (échappant ainsi, grâce à leur protection, aux risques émanant d’un voisinage assez violent et conquérant). Ils édifient alors Nemausus, qui devient une ville gallo-romaine, étendard de la romanité en Gaule. La ville s’étend de plus en plus et accueille petit à petit de superbes édifices encore visibles aujourd’hui (et relativement bien conservés, je les évoquerai plus bas). Nîmes est avantageusement située sur la Via Domitia, la voie romaine qui relie Rome à Barcelone (passant également par Montpellier et devenue par la suite un fragment des Chemins de Compostelle).

L’envergure nîmoise diminue considérablement avec l’invasion des Wisigoths au 5e siècle après JC. Durant le Moyen Âge, l’insécurité règne : le magnifique amphithéâtre devient une forteresse dans laquelle se réfugient nobles et chevaliers, les remparts romains sont détruits pour fournir la pierre nécessaire, des quartiers sont laissés à l’abandon (dont, curieusement, celui autour de la source fondatrice de la ville).  Juste avant la Renaissance puis pendant, le commerce reprend grâce aux tanneurs, teinturiers et marchands d’étoffes profitant de la proximité des cours d’eau (comme à Avignon). Malgré les guerres de religion qui font rage (Nîmes est en majorité protestante), le commerce textile s’intensifie avec des liaisons jusqu’en Inde et dans le Moyen-Orient. La soie se développe, puis la toile de Nîmes, qui deviendra le célèbre denim. Le mot « denim » vient en effet de « sergé de Nîmes ». Il s’agit d’un mélange économique de laine et de soie utilisé petit à petit pour réaliser les bleus de travail, d’où le bleu denim, créé à partir du bleu de Gênes (un mélange de pastel et d’indigo, ce dernier détrônant petit à petit totalement le pastel du Lauragais -situé entre Albi et Toulouse-, grâce à son faible coût d’import depuis le continent américain). Aujourd’hui, le denim (nom conservé pour désigner ce tissage précis de chevrons) est réalisé à partir du coton, avec le gâchis écologique que l’on sait.

La richesse de Nîmes, que ce soit durant la Renaissance ou la Révolution industrielle (le commerce textile, concurrencé fortement par Lyon, laisse alors place au commerce vitivinicole), se perçoit aisément à travers les nombreux hôtels particuliers du centre-ville et des alentours de la gare (rares sont les quartiers de gare à afficher autant de prestige !).

Nîmes aujourd’hui, c’est la 20e ville de France en ce qui concerne la population intra-muros (150 000 habitants, je ne m’y attendais pas !), la 40e si l’on considère l’aire urbaine. Nîmes, de par sa localisation et son histoire, possède un héritage culturel façon melting-pot : en observant son architecture, sa gastronomie, ses traditions culturelles et ses nombreuses autres facettes, on retrouve des influences gauloises, romaines, cévenoles, languedociennes, hispaniques, provençales et camarguaises !

Les lieux emblématiques à Nîmes

Les Arènes

Les arènes de Nîmes : qui n’en a pas entendu parler ? Cet amphithéâtre romain construit sur deux étages (21 mètres de hauteur) accueillait à l’époque antique des combats de gladiateurs et des mises à mort (entre autres joyeusetés). Ces arènes sont aussi célèbres que celles d’Arles (en moins bon état, mais que je rêve de visiter également).

Aujourd’hui, ce « mini-Colisée » se visite avec un audio guide qui permet de bien en comprendre l’organisation et l’histoire. Il permet également d’en apprendre davantage au sujet des combats de gladiateurs, dont la réalité a souvent été galvaudée par le cinéma. Les arènes de Nîmes sont aussi le théâtre de concerts (ça c’est plutôt cool) et de corridas (mais ça, ça l’est beaucoup moins). Le Festival des Arènes de Nîmes est d’ailleurs un événement d’envergure internationale ! J’aurais dû, fin juin, y admirer Nightwish et donc découvrir les lieux à cette occasion, puis revenir début juillet pour y entendre Les Cowboys Fringants (mais je ne vous l’apprends pas, cette année 2020 ne s’est pas tout à fait déroulée comme prévu…). À l’époque antique, les arènes pouvaient accueillir 25 000 spectateurs ; la capacité d’accueil est moitié moindre aujourd’hui.

La Maison Carrée

Comme son nom ne l’indique pas à première vue, la Maison Carrée est en réalité rectangulaire : ça s’explique par le fait qu’un rectangle était nommé un « carré long » au XVIe siècle (quand ce nom lui fut attribué).

Située sur ce qui était le forum romain de Nemausus, la Maison Carrée était à l’origine un temple construit en l’honneur d’Auguste (en calcaire blanc). Au fil des siècles (et des millénaires), le temple est devenu la maison consulaire de Nîmes, puis une habitation simple, et encore plus tard une écurie puis une église. De nos jours, c’est une salle d’exposition où un film gratuit de 30 minutes (Nemausus : la Naissance de Nîmes) est projeté afin de présenter les origines de la ville et de ses monuments les plus emblématiques.

La Maison Carrée est le temple le mieux conservé du monde romain (rien que ça !). Son architecture ressemble fortement à celle du temple d’Apollon à Rome.

Les Jardins de la Fontaine

Pour rejoindre les Jardins de la Fontaine depuis le centre-ville, nous avons longé de magnifiques canaux sublimés par les couleurs automnales. Ce lieu (classé « Jardin Remarquable ») abrite le temple de Diane ainsi que la Tour Magne.

Il a été aménagé au cours du XVIIIe siècle, dans l’esprit des plans du sanctuaire antique qui avait été bâti à l’emplacement de la source divinisée par les Celtes, dans le but d’honorer Auguste et de témoigner de l’acceptation des traditions romaines (faisant de Nemausus une ville désormais gallo-romaine). Il s’agit du jardin public principal de la ville et un des plus remarquables d’Europe (on en a assez rarement vus d’aussi jolis).

De gauche à droite : Les Jardins de la Fontaine/Détail du temple de Diane/Les canaux à l’automne
Les Jardins de la Fontaine, aménagés autour de la source des Volques Arécomiques

Le temple de Diane

Le temple de Diane est aujourd’hui essentiellement à l’état de ruines, mais l’on distingue encore des parois de murs comportant des alcôves qui pour les historiens, semblent donner à ce lieu une dimension de bibliothèque. On en sait malheureusement peu à son sujet aujourd’hui, cette hypothèse elle-même est assez floue.

La tour Magne

La Tour Magne, accessible depuis les Jardins de la Fontaine, surplombe la ville et le Mont Cavalier en offrant une vue incroyable sur le Pic Saint-Loup, les Cévennes, les Alpilles, la garrigue alentours et le Mont Ventoux (entre autres). Il s’agit de la tour la plus haute de l’enceinte romaine (du temps d’Auguste). À sa construction, cette tour culminait à 36 mètres de haut et possédait 3 niveaux : deux sont encore visibles et accessibles (pour une hauteur actuelle de 32 mètres).

Nîmes, une ville à vivre et admirer

Musées

N’ayant eu ni temps ni énergie à consacrer à un musée cette fois-ci (un peu fatigués par l’arrivée de l’automne et par la situation compliquée que nous traversons tous), nous reviendrons un jour, voire plusieurs, à Nîmes afin de visiter notamment le Musée de la Romanité (musée archéologique), le Musée du Vieux-Nîmes (artisanat, économie et culture), le Musée des Beaux-Arts et le Carré d’Art (situé près de la Maison Carrée, il s’agit du Musée d’Art Contemporain).

Pour information, la ville propose aussi un Musée des cultures taurines (pour le coup, cela ne m’intéresse absolument pas) ainsi qu’un Musée des Sciences Naturelles (mais d’après ce que j’ai lu, il serait assez vieillissant).

Ambiances

J’ai apprécié retrouver à Nîmes les couleurs douces d’une ville du sud (qui m’avaient tant séduites il y a quelques années à Nice et qui me donnent envie d’un road-trip dans le sud – quand ce sera à nouveau possible évidemment).

En parcourant Nîmes, on peut admirer également de très jolies fontaines, parmi lesquelles la fontaine Pradier et la fontaine de la place d’Assas.

Gastronomie

Nîmes, comme toute grande ville française qui se respecte, est connue pour certaines spécialités culinaires, auxquelles nous n’avons pas encore goûté, trop pressés de déguster des calissons, (pourtant plutôt originaires d’Aix), mais on se rattrapera une prochaine fois ! La brandade nîmoise (de la morue désalée et montée à l’huile d’olive et au lait – ce ne sera pas pour moi qui suis végétarienne) est certainement le mets le plus réputé. Nîmes a créé par ailleurs une AOC pour ses olives (nom de la variété : picholine), une culture ancestrale qui permet évidemment la production d’huile mais aussi de tapenade (miam !). La ville voit naître également à chaque printemps la variété de fraise qui porte son nom (et qui, forcément gorgée de soleil, est la plus précoce de l’année !).


Malgré ses richesses historiques et culturelles évidentes, j’ai été surprise d’apprendre que la ville de Nîmes ne figurait pas au Patrimoine Mondial de l’Unesco (un dossier est toujours en cours). Les arènes elles-mêmes n’en font pas partie, elles sont « simplement » considérées « monument historique », malgré l’état de conservation exceptionnel.

Autre site historique emblématique que je souhaite visiter non loin de Nîmes : le célèbre Pont du Gard (un aqueduc construit sur 3 niveaux). J’espère que 2021 nous offrira davantage la possibilité de découvrir les merveilles des régions Occitanie et PACA ! D’ici là, n’hésitez pas à me laisser vos impressions sur Nîmes en commentaires, que vous l’ayez visitée ou que vous rêviez de le faire (ainsi que vos questions si vous en avez, bien entendu !).

A propos

Hello et bienvenue ! Photographe spécialisée dans le mariage et la famille (@poesieboheme), je suis aussi blogueuse sur les thématiques du voyage et du slow living. J'aime révéler la poésie du quotidien à travers mes photos et savourer les moments simples. Après quinze ans de pérégrinations dont un peu plus de 5 à l'étranger, j'ai fini par poser mes valises à Montpellier.

12 Commentaires

  • Léanna
    1 novembre 2020 at 20 h 39 min

    C’est vraiment sympathique cette balade ! Ça permet de s’evader et de programmer des escapades pour bientôt. Merci à toi.

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    • parenthesecitron
      2 novembre 2020 at 12 h 31 min

      Avec plaisir ! Nous sommes tellement nombreux à rester entre quelques murs en ce moment, j’avais envie d’égayer un peu les prochaines journées 🙂

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  • L&T
    1 novembre 2020 at 21 h 14 min

    J’ai pu visiter Nîmes cet été et j’ai beaucoup apprécié. C’est une ville qui a l’air très agréable à vivre et dans laquelle j’aimerais bien retourner…https://thecosmicsam.com/2020/08/30/quelques-jours-en-occitanie/

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    • parenthesecitron
      2 novembre 2020 at 12 h 03 min

      Ah oui en effet, et tu as pu voir le Pont du Gard aussi, trop chouette ton périple !

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  • Julie / hors du temps
    2 novembre 2020 at 9 h 29 min

    Je suis passée à Nîmes il y a quelques années car j’ai fait réalisé ma robe de mariée par une couturière nîmoise (ahah, j’habite à Marseille, mais j’ai tellement eu un coup de coeur pour cette couturière que j’ai fais quelques aller-retour, en train, c’es assez rapide finalement ^^). Je n’ai eu qu’un aperçu de la ville, mais j’ai adoré, je l’ai trouvé très belle, très vivante !
    Je voulais y retourner l’an dernier, pour la visiter réellement, mais malheureusement, comme pour tout le monde, j’ai du revoir mes plans.
    Merci beaucoup pour toutes ces infos sur la ville, je comprends un peu mieux d’où viennent tous ces beaux bâtiments d’un autre siècle (j’ignorais le passé industriel de la ville !).

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    • parenthesecitron
      2 novembre 2020 at 12 h 01 min

      Avec plaisir ! Ah ah quand on a trouvé « la précieuse », que sont quelques trajets en train 😉 J’espère que tu auras plus de chances en 2021 (comme nous tous) pour pouvoir visiter Nîmes 🙂

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  • argone
    2 novembre 2020 at 11 h 32 min

    Je ne suis pas allée très souvent à Nîmes, mais c’est une ville très jolie, il faudra que je prenne le temps prochainement de découvrir toutes ses facettes …

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    • parenthesecitron
      2 novembre 2020 at 11 h 59 min

      Elle en vaut la peine en effet (davantage que à quoi je m’attendais) 🙂

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  • My Travel Blog
    3 novembre 2020 at 17 h 25 min

    Une ville chargée d’histoire, qui mériterait d’être plus connue !

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    • parenthesecitron
      3 novembre 2020 at 19 h 17 min

      Oui elle est très méconnue alors qu’elle est pourtant très belle et intéressante ! Moi qui adore la période antique dans l’Histoire, j’ai été servie

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  • Sarah Nedjar
    4 novembre 2020 at 23 h 14 min

    Whaaaa! Je crois que j’avais jamais vu ton blog (mais je te suis sur insta depuis très longtemps) mais je suis bien contente d’être tombée dessus. Il est magnifique et tes photos sont incroyables ! Bon pas étonnant pour une photographe 😉 Concernant Nimes j’y suis passée en coup de vent mais ça avait l’air chouette ! Ca donne envie de découvrir en tous cas 😉

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    • parenthesecitron
      5 novembre 2020 at 19 h 25 min

      Merci pour ton gentil commentaire, ça me touche beaucoup ! 🙂 J’ai hâte de pouvoir faire d’autres visites-découvertes dans ce style !

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