Après Caroline, c’est au tour de Marjorie de nous parler du Canada, dans cette rubrique encore nouvelle, initiée pour vous partager mensuellement des récits d’expatriation à travers le monde.
Marjorie est également blogueuse (My Own Journeys) et a effectué un PVT de presque 2 ans et demi dans la ville de Montréal (ou si vous vous souvenez, Caroline avait terminé sa première expatriation canadienne après avoir vécu à Toronto). Elle a dû rentrer en France pour des questions de visa (pour ceux qui ne sont pas familiers de ces procédures, on ne les redemande pas en vivant sur place mais en sortant du pays), mais ce n’est qu’un au revoir à Montréal, qu’elle souhaite retrouver bientôt.
1 – Où vis-tu et depuis quand ? Est-ce ta première expérience en tant qu’expatriée ?
Actuellement, je suis entre deux visas, de retour en France mais j’ai vécu presque 2 ans et demi à Montréal. J’avais obtenu un PVT (Permis Vacance Travail) Canada qui te donne 2 ans sur place. C’est un visa qui offre la possibilité de travailler ou simplement voyager pendant cette période. Une vraie liberté et un choix idéal pour découvrir un pays, voire essayer de prolonger l’expérience. C’est ma toute première expatriation !
2 – Qu’est-ce qui t’a amené à partir de France et pourquoi ce choix de ville/pays précisément ?
Ça faisait très longtemps que je parlais d’aller vivre à l’étranger, le Canada en tête, plus accessible que les États-Unis qui restent mon choix number 1. Mais entre en parler et le faire, il s’est passé pas mal de temps !
Le PVT s’obtient par un tirage au sort, et je l’ai eu dès ma première demande. L’élément déclencheur pour tenter ma chance fut la situation de la start-up où je travaillais, qui était sur le déclin et allait vers la fermeture. Mon conjoint, musicien, était quant à lui partant pour me suivre dans cette aventure. Le chemin avait déjà été fait depuis longtemps dans ma tête, il ne manquait plus qu’à allumer la mèche ! La joie que j’ai ressentie à l’obtention de la première étape pour le précieux sésame ne trompe pas : je me suis de suite imaginée faire du kayak sur un lac immense. Cliché, oui, mais pas tant que ça ! Le Canada est apparu comme un terrain parfait pour plusieurs raisons : d’immenses grands espaces de nature, une faune riche et différente (nous sommes tous les deux de grands amoureux des animaux), de grandes villes « à l’américaine », un côté bilingue et la proximité avec les états-unis qui promettait de nombreux voyages simplifiés dans ce pays.
Montréal était le choix de la facilité, mais aussi de cœur. J’avais découvert cette ville pendant une semaine de vacances l’année précédente et on avait adoré notre séjour. Montréal est véritablement une ville à part, qui offre énormément d’avantages. Encore une fois, c’est ce mélange citadin et naturel qui fait tout son charme, et surtout, c’est une ville qui peut s’adapter à de nombreuses situations et envies. Pour ma part, j’ai adoré son côté relax, vert, ses parcs, ses animaux, son visage si changeant selon les saisons. C’est une ville où on se sent facilement bien, et dont les quartiers peuvent être très différents. En une journée, on peut passer d’une vraie petite forêt où se promener au calme au vieux Montréal presque européen et son port, en finissant dans le quartier des spectacles et ses buildings illuminés. Partout, une atmosphère pleine de personnalité, des ruelles charmantes, des street-art fascinants et un côté très vivant. Enfin, Montréal n’est qu’à environ 7h de la France, avec un décalage de 6h. Cela peut avoir son importance. Notre but n’était cependant pas de rester vivre dans une seule ville, même si c’est finalement ce qui s’est passé !
Pour résumer, ce n’est pas tant quitter la France qui m’intéressait (même si certains aspects ici m’y ont encouragé aussi), mais surtout aller voir ailleurs 🙂
3 – Quels sont d’après toi les avantages et les inconvénients de la vie d’expat’ ?
C’est une question assez difficile, car les réponses seront très différentes selon les personnes. C’est ce que je retiens avant tout de mon PVT et ce que je répète depuis : ce visa, comme toute expatriation, ne ressemblera à aucune autre, malgré des similitudes. Et c’est ce qu’il y a de beau ! Tu auras beau tout lire et accumuler les témoignages, ton expérience TE ressemblera à toi, avec ses qualités et ses faiblesses.
Les avantages que j’ai vus à cette vie d’expat sont cet espèce de « reset » qui se produit : l’idée que tu peux (et va) recommencer à zéro certaines choses, cette énergie et émerveillement que tu ressens face à la découverte. Dans ton pays d’adoption, tu vas pouvoir accumuler des premières fois, que ce soit dans des choses très basiques et terre à terre ou plus exceptionnelles. Tout est nouveau, les magasins, l’atmosphère, les éventuelles rencontres (si tu n’es pas une sauvage comme moi !). Simplement se promener dans un quartier sera une expérience en soi. Et ça, ce n’est pas si fréquent dans notre vie de tous les jours. A quand remonte ta véritable dernière première fois 🙂 ? Tu vas également mieux te connaître : découvrir des capacités d’adaptation, une plus grande indépendance ou au contraire, réaliser que tu as peut-être besoin de certaines choses pour être à l’aise. Peu importe, l’idée est d’en apprendre plus et d’en ressortir grandi.
Les voyages furent pour ma part une grande découverte car c’est véritablement mon expatriation qui a lancé cette passion et m’a permis de la réaliser, dans tous les sens du terme. C’est un de mes messages : il n’est clairement jamais trop tard, et tu n’as pas besoin d’avoir été élevé en tant que baroudeur pour te mettre à voyager sur le tard et adorer ça. L’expatriation te rappellera toujours ce dont tu as été et sera capable : dans les moments de doute, souviens-toi que tu as traversé un océan ou des frontières ! Ce n’est pas rien, mais justement, quel que soit la façon dont ça s’est fait, c’est une chance de vivre ce genre d’expérience et d’avoir été capable d’y arriver.
Coté inconvénients, cela dépendra là encore de ta personnalité. Si tu es très famille et/ou amis, que tu as besoin de les avoir très proches de toi géographiquement et de les voir très souvent, oui ça risque d’être difficile. MAIS, tu disposes donc probablement d’un soutien fort qui te sera très utile en cas de coups durs. A l’inverse, si tu sens que tu as besoin de te détacher un peu, de prendre un envol et de voir de quoi tu es capable en étant un peu plus livré à toi-même, c’est l’occasion ! Une expatriation demande une certaine adaptation : que ce soit au niveau alimentation (tu verras que oui, tu peux te passer de ta boite de biscuits préférés, ou que le fromage n’est pas totalement indispensable à ta vie), ou encore des produits de beauté cultes peut-être introuvables ou hors de prix ici, la culture sera peut-être moins abordable bref tout ce qui est matériel et que tu devras mettre un peu de coté.
Le décalage horaire rend la communication avec la France parfois laborieuse. Coté travail, tu peux te sentir un peu déboussolé, ne pas être reconnu à ta valeur, péniblement acquise dans ton pays d’origine. Certains codes culturels peuvent être surprenants, te faire des amis locaux un peu difficile, surtout si tu es dans la team introvertie. Dans le cas du PVT précisément, la balance entre le T de travail et le V de Vacances (ou voyages !) peut s’avérer délicate. Beaucoup s’en servent comme un vrai tremplin à une résidence permanente, et s’engage dans une routine qui ressemble vite à un métro-boulot-dodo dans un nouveau décor. Pour autant, il faut toujours se rappeler qu’une expatriation peut être source de surprises, et à ce titre, rien n’est figé ou définitif. Si celle-ci devait s’avérer décevante ou trop difficile, tu peux toujours rentrer, en sachant ce que tu ne souhaites plus, et avec un nouveau regard positif sur ce que tu retrouveras en France. De mon point de vue, on rentre toujours gagnant d’une expérience comme celle-là.
4 – As-tu une anecdote à raconter au sujet de ton expatriation ?
Mon expatriation a été riche en expériences, en voyages, en moments géniaux mais aussi de gros coups durs. Parmi les moments forts, il y a l’observation de baleines, des road-trips incroyables, pouvoir voir un ours et des grizzlis dans les Rocheuses, donner des concerts pour la première fois… Si je devais retenir deux anecdotes principales pour l’illustrer, ça serait une très négative et une vraiment positive.
Pendant ce PVT, juste après un déménagement d’appartement, et alors que j’étais en France pour quelques jours, notre nouveau logement a été cambriolé dans la nuit, alors que mon conjoint y dormait. Ça a été un choc terrible, surtout qu’on lui a volé toutes ses guitares (de très beaux modèles, dont un vraiment unique) dans le salon, les seules choses de valeur qu’on possède. Étant musicien et prof de musique, ces guitares étaient en plus des outils de travail au-delà de leur haute valeur sentimentale. On a fini par en retrouver une, mise en vente avec une petite annonce. On a alors organisé une vraie opération de récupération avec la police. Une histoire de dingue et très éprouvante dont je me serai bien passée, surtout à l’étranger !
Pour la note ultra positive : étant moi-même chanteuse, j’ai pu réaliser mon tout premier clip de ma toute première composition (je chantais des covers jusqu’à présent) pendant mon expatriation ! La chanson a été écrite lors d’un retour en France en collaboration avec un de mes artistes préférés devenu ami. Elle parle justement de se détacher, en se libérant de ce/ceux qui nous empêchent d’avancer, y compris ses propres barrières personnelles. J’ai re enregistré les voix dans un studio à Montréal et j’ai ensuite j’ai dû gérer le clip de A à Z. Je n’avais aucune expérience en la matière et pas plus de matériel qu’un appareil Reflex. On a finalement profité d’un road-trip dans l’Ouest américain pour y tourner des images spontanées (ahhh, ce playback dans le désert de la Death Valley sous le soleil !). Ensuite, un copain installé à Montréal et étudiant réalisateur a bien voulu nous aider et on a retourné des images dans les rues enneigées de la ville en pleine tempête et dans un café à l’ambiance étrange que j’adore pour finir par un résultat qui mêle toutes ses facettes différentes. On a réalisé ensemble ces 3:43 minutes qui résument tellement de choses du chemin parcouru, et deviennent un vrai témoignage et souvenir en son et images de cette expatriation ! Pour le visionner et m’encourager, c’est par ici 😉
5 – Est-ce un mode de vie que tu recommandes ? Quels seraient tes conseils ?
Bien sûr, je recommande et encourage tout le monde à se lancer dans une aventure d’expatriation. Si tu y a songé au moins une fois, plus ou moins sérieusement, tu as déjà fais une partie du chemin. Une part de toi a envie d’ailleurs, d’un renouveau, d’une découverte, et tu trouveras tout ça en te donnant cette chance. Plutôt que de parler de chance, j’aime voir là une opportunité qu’on provoque. Que tu suives un conjoint, que tu aies l’occasion d’y travailler directement ou que tu tentes un PVT, toute expatriation sera enrichissante.
Ensuite, à toi de faire coïncider une préparation plus ou moins appuyée avec ta personnalité et tes envies, en laissant une part plus ou moins importante à l’improvisation sur place. Quels que soient tes plans, il y a de toutes façon de grandes chances qu’ils évoluent ou changent totalement, comme il y a toutes les chances que tu en tires quoi qu’il en soit beaucoup de positif.
Mes conseils seraient donc d’écouter cette petite voix qui te dis d’aller faire un tour ailleurs. Fais des économies, prends le temps nécessaire pour partir le plus sereinement possible tout en te laissant des portes ouvertes en France. Profite de chaque moment, avant, pendant, après. N’écoute pas ceux qui pourraient te tirer vers le bas et te transmettre des angoisses qui ne sont pas les tiennent. Suis ton cœur, n’hésite pas à bouger à nouveau si tu ne te sens pas bien sur place, et garde ce regard d’aventurier du quotidien que te donnera l’expatriation.
Enfin, si tu réalises assez vite que tu voudras prolonger l’expérience au-delà de ton visa, renseigne-toi pour préparer au mieux les futures démarches. Je dis ça mais je ne l’ai pas fait, et je n’ai finalement pas de regret d’avoir profité sans contraintes. Mon expatriation m’a permis de vouloir renouer avec mon premier diplôme de psychologue et de lancer une future équivalence pour exercer au Québec. Tout en continuant le blog et devenant rock-star bien sûr 🙂 Aujourd’hui, je prépare donc mon futur retour au Canada ! C’est le seul risque : ne pas vouloir quitter ton pays d’adoption 😉
Merci Marjorie pour ce récit très intéressant ! Vous pouvez retrouver Marjorie sur Instagram, (nombreuses photos de Montréal -et de ses voyages depuis cette ville- garanties) ainsi que sur YouTube (dans un style qui chatouille agréablement mes oreilles !).
Si vous aussi vous souhaitez participer à cette rubrique, écrivez-moi (avec vos réponses à ces questions) à fanny@parenthesecitron.com.
2 Commentaires
Romain
24 août 2020 at 18 h 45 minJ’adore les paroles d’expats ! Ca donne vraiment envie de voyager au Canada là et d’y rester quelques semaines.
parenthesecitron
25 août 2020 at 11 h 28 minOui pareil, quelques semaines pour bien profiter ! 🙂