Cela fait un moment que cet article me trotte dans la tête : allier mes photos argentiques de Montpellier (qui couvrent à présent à peu près toute la ville) à des recommandations de visite, elles aussi assez nombreuses 4 années après ma découverte de la ville en vue d’un énième déménagement (l’avant-dernier en date).
J’ai donc finalement conçu cet article comme une grande balade à travers Montpellier, comme beaucoup de mes articles de type city-trip à la différence que les photos qui l’illustrent ont toutes été réalisées à l’argentique.
Les origines de Montpellier ne sont pas évidentes à retracer, mais il semble qu’une réelle consistance de ville prenne forme sous ce nom aux alentours de l’an 1000 (contrairement à des villes comme Nîmes, Narbonne et Béziers qui étaient déjà bien établies). Au fil des siècles, la ville s’est développée fortement grâce notamment au commerce d’épices et parfums avec l’orient, via le port de Lattes. Aujourd’hui, c’est tout de même la 7ème ville la plus peuplée de France !
L’Écusson
Il s’agit du centre historique de la Montpellier, surnommé ainsi à cause de sa forme particulière. J’y aime beaucoup ses rues très végétalisées et au street-art très présent lui conférant une allure bohème et estivale quelle que soit la saison. Tout au long de votre balade, prêtez aussi attention aux magnifiques heurtoirs qui ornent les portes des nombreux hôtels particuliers et demeures nobles ainsi qu’aux mascarons, cariatides et atlantes que l’on trouve ça et là sur les façades : Montpellier en regorge ! Les garde-corps des balcons valent aussi quelques fois le coup d’œil.
Observatoire
Je choisis volontairement de faire débuter ma balade à Observatoire, pour sa proximité avec la gare St Roch (comme ça, si vous débarquez à Montpellier en train, vous n’avez plus qu’à suivre le guide !).
Dans cette partie de l’Ecusson, qui tient de son nom de l’observatoire astronomique de l’Académie des Sciences, historiquement niché dans la Tour de la Babote (un reliquat du mur d’enceinte qui entourait Montpellier à l’époque médiévale). Dans ce quartier, on trouve les Halles Laissac (que je recommande d’arpenter si vous avez un petit creux), ainsi qu’un superbe mur en trompe-l’œil. Aussi, ne manquez pas le MO.CO (muée d’art contemporain) !
Église Saint-Roch & alentours
Depuis Observatoire, quittez le boulevard du Jeu de Paume et dirigez-vous vers la rue Roucher, l’une de mes préférées dans la ville : végétation et street art y sont particulièrement condensés et lui donnent une ambiance très festive !
Arpentez ensuite les rues çà et là pour remonter vers l’Église St Roch, une petite merveille à moitié en ruines. Ses gargouilles jamais sculptées et ses niches vides interpellent, de même que sa rosace (pour info, c’est tout de même une des étapes du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle !).
Juste en face des escaliers de la porte principale, vous pourrez admirer un très beau trompe-l’œil. Les bornes qui entourent la place de l’Eglise (aujourd’hui largement appropriées par les artistes de street art) permettaient autrefois aux charrettes de bien rester sur la chaussée.
La rue Voltaire qui donne sur l’arrière de l’Eglise se distingue par son arche habitable qui fait la jointure entre deux maisons. Ce concept a été interdit assez tôt (XIIIe) car il constituait une entrave au passage de la lumière.
De là, rejoignez la rue de l’Ancien Courrier et ne manquez pas la plaque historique du nom de la rue, du côté du croisement avec la rue St Guilhem). Amusez-vous à chercher sur les façades de la très colorée et bohème rue du Bras de Fer pourquoi elle porte ce nom (indice : le bras en question tient une lanterne).
Par ici, j’aime aussi beaucoup la jolie place St Ravy pour ses détails hérités du Moyen-Âge, ses fenêtres condamnées (dans le but, historiquement, de payer moins de taxes), sa fresque en faïence. Ici, on est face à ce qui était le palais des Rois d’Aragon et de Majorque, ce qui explique le prestige qui se devine encore sur les façades.
Depuis la rue St Guilhem (qui porte le nom du premier seigneur de Montpellier), prenez la rue Draperie St Firmin puis la rue St Firmin (où j’ai vécu pendant près de 3 ans) : vous êtes ici en quelque sorte aux origines de Montpellier. À la place des restaurants, chambres d’hôtes et bars, se trouvait l’ancienne Église paroissiale de St Firmin, détruite au XVIe siècle lors des guerres de religion et l’une des deux premières présentes dans la ville au XIe siècle (et l’unique durant le XIIe).
Sainte-Anne
Juste derrière, on retrouve l’Église Sainte-Anne qui a donné son nom au quartier (cet édifice a été désacralisé et est désormais un lieu d’exposition d’art contemporain, malheureusement en travaux depuis avant mon arrivée à Montpellier, ce qui fait que j’ai vécu plusieurs années tout près sans jamais en voir l’intérieur). Son clocher de près de 7à mètres de hauteur se repère depuis plusieurs endroits du centre-ville (et des quartiers alentours).
Sur la jolie place du Petit Scel, il est bien agréable de boire un verre tout en admirant les ruines qui jouxtent la place, au coucher du soleil (la lumière, selon les saisons, y est très belle !). Pendant les 2e et 3e confinements, avec Romain nous avions l’habitude de venir prendre le soleil sur les petites marches face à la rue de l’Huile. Dans ce quartier, comme dans tout l’Écusson d’ailleurs, ne manquez pas de lever le nez pour observer le nom des rues : certains street-arts sont soit mignons, soit drôles (parfois les deux).
Des Arceaux à l’Esplanade du Peyrou
Depuis cette place, rejoignez le quartier des Arceaux pour admirer l’Aqueduc St Clément, conçu au XVIIIe sur le modèle du Pont du Gard et des aqueducs romains et aménagé sur 18 km (il ne transporte plus d’eau aujourd’hui). Remontez vers le château d’eau situé au bout de l’Esplanade du Peyrou, et ne manquez pas au passage le portrait de Jean Moulin sur l’une des arches en contrebas.
Traversez l’Esplanade, admirez la vue jusqu’au Pic Saint-Loup et descendez le boulevard jusqu’au Jardin des Plantes.
Le Jardin des Plantes
Profitez de ce petit havre de paix de près de 4,5 hectares en plein cœur de la ville : chaque recoin y est joli ! Il s’agit du plus ancien jardin botanique de France encore existant : il a fêté ses 800 ans en 2023. Entre les serres, le jardin anglais, la bambouseraie, les allées d’arbres colorés à l’automne, son joli pont et ses ruines, le dépaysement est garanti !
Cathédrale Saint-Pierre, Canourgue & rues alentour
En sortant du Jardin des Plantes, dirigez-vous de l’autre côté de la rue pour découvrir le Square de la Tour des Pins, un autre petit cocon de verdure (plus modeste mais assez atypique). Petit jardin à l’anglaise, il est situé au pied de la Tour des Pins qui lui donne son nom, l’un des derniers vestiges du mur d’enceinte qui protégeait la ville autrefois.
Traversez le square et remontez la rue en direction de la Cathédrale. Admirez sa structure originale et si vous avez de la chance, les jolis jeux d’ombres qui y sont parfois créés. C’est le seul édifice religieux montpelliérain à avoir conservé une allure gothique.
Totalement attenante, on trouve la plus ancienne Faculté de Médecine au monde car comme le Jardin Botanique (qui lui est rattaché) a aussi fêté récemment ses 800 ans ! Il s’agit en réalité d’un ancien monastère dont la chapelle est devenue au fil des siècles une prison puis une école de santé, et elle a accueilli entre autres Nostradamus et Rabelais.
Montez encore en direction de la place de la Canourgue (dont le nom signifie « maison des chanoines » en occitan car on y trouvait auparavant l’Église Sainte-Croix, détruite elle aussi par les guerres de religion). Depuis le belvédère qui donne sur la place de la Cathédrale, la vue est plutôt jolie !
C’est une de mes places préférées à Montpellier : on y profite de la chaleur du soleil au printemps, puis lorsque l’été arrive et que les feuilles garnissent de nouveau les arbres, c’est sa fraîcheur qui y est très agréable. Ne manquez pas la sculpture des licornes, insolite mais très belle !
Admirez le superbe hôtel particulier Cambacérès (au n°5 de la place), orné de 5 mascarons sur sa façade, dont chacun représente un des éléments définis par Aristote (air, feu, terre, eau, éther).
En haut de la place de la Canourgue, sur la façade de l’hôtel particulier de Sarret, repérez la coquille creusée qui a donné son nom à la rue adjacente. Derrière la place, rue de la Coste Frégé, on trouve aussi une pente aux allures de calade (un chemin en pente pavé à pas-d’âne de galets ou de pierres comme on peut en trouver dans les vieux villages du sud de la France, pour aider à contenir la pluie et éviter de glisser en descendant).
Errez au gré des vues dans cette partie du centre historique : descendez la rue de l’Université, au bas duquel on trouve une autre des anciennes portes de la ville et remontez par d’autres rues en ouvrant les yeux : il y a tant de nombreux jolis détails historiques ou du street-art !
N’hésitez pas à aller du côté de l’Agora, l’ancien couvent des Ursulines qui a aussi tristement servi de centre interrogatoire pour la Gestapo, de prison et d’antenne d’information pour l’Armée de l’air). Son architecture est intéressante, et aujourd’hui son rôle est bien plus gai puisqu’il s’agit d’un centre à vocation artistique.
Si vous avez un peu de temps devant vous, ne manquez pas la Panacée, un centre d’art contemporain (rattaché au MO.CO) qui propose régulièrement des petites expositions et dont le café intégré possède une cour végétalisée particulièrement agréable à la belle saison avec une citronnade !
Arc de Triomphe
Regagnez l’avenue Foch et allez jeter un œil à l’édifice qui se situe au bout, en direction de l’Esplanade du Peyrou : hé oui, Montpellier a son propre Arc de Triomphe, un édifice du XVIIe siècle (rénové il y a 20 ans) qui célèbre Louis XIV ! De l’autre côté, vous pouvez également admirer le clocher de l’Église Sainte-Anne.
Tout près, le Palais de Justice aux allures grecques a été construit au XIXe à l’ancien emplacement des Guilhem (les premiers seigneurs de Montpellier), car c’était déjà là qu’étaient rendues les décisions de justice.
Préfecture / Jean Jaurès
À présent, remontez l’avenue Foch (en admirant au passage les superbes impostes et mascarons au n°8) jusqu’à la place Jean Jaurès. Par ici, ce sont les Halles Castellane qui vous tendent les bras si vos papilles vous démangent. Elles sont situées à l’emplacement de l’ancien quartier de la Condamine, le noyau historique qui s’est ensuite étendu pour devenir la ville que vous visitez aujourd’hui.
Place de la Comédie / Square Charles de Gaulle
Descendez à présent la rue de la Petite Loge : vous arrivez sur la fameuse place de la Comédie, de forme ovoïde : vous y attendent une magnifique architecture composée de bâtiments haussmanniens et de la fontaine des 3 Grâces représentant 3 des filles de Jupiter.
Au niveau du Square Charles de Gaulle situé à son extrémité, vous trouverez de nombreux points d’intérêt : l’Office de Tourisme bien sûr, mais surtout le Musée Fabre (musée des Beaux Arts où on peut admirer entre autres Daniel Buren, Germaine Richier et Gustave Courbet) ainsi que le Pavillon Populaire (qui abrite des expos photo).
Si vous avez le temps et l’envie de vous promener dans un tout petit écrin de verdure en général assez tranquille, allez faire un tour du côté du Jardin de l’Hôtel de Sully.
Tout au bout du Square Charles de Gaulle se trouve le Corum, une salle de spectacles dont le belvédère offre une jolie vue (mais il semble compliqué d’y accéder depuis quelques années), avec en contrebas, au niveau du tram, des vestiges découverts lors des travaux qui ont précédé l’aménagement des lignes de ce dernier.
Quartiers Saint-Roch et de la Méditerranée
Au-delà de la place de la Comédie, en remontant la rue de Verdun, vous passerez devant le Rockstore, salle de concert et discothèque dont la devanture est connue pour sa Cadillac rouge qui dépasse de la façade de ce qui était à la l’origine une église. La salle est située dans ce qui était la nef, et elle en a gardé les voûtes.
Le petit quartier de la Mediterrannée avec la place du même nom est un autre de mes endroits préférés à Montpellier : d’ailleurs, s’il vous reste un petite place dans l’estomac et que déjeuner devant un autre superbe trompe-l’œil mural vous séduit, je vous conseille chaudement le restaurant japonais Moutarde & Wasabi (un jour, je ferai un article avec mes adresses fétiches).
Antigone
De là, rejoignez le quartier Antigone, construit à la fin des années 70 dans un style néoclassique, empruntant son architecture et ses noms de rues et places à la culture grecque. On y trouve d’ailleurs une réplique de la Victoire de Samothrace sur l’une de ses places, et j’ai lu quelque part que la présence d’une piscine olympique et la plus grande médiathèque de la ville représente la culture du corps et de l’esprit chère à la culture hellénique.
L’avenue qui va de la place du Nombre d’Or à la Place de l’Europe fait 1,8 km, soit presque la même longueur que les Champs Élysées. Elle fait écho à l’axe, beaucoup plus court, créé par l’avenue Foch jusqu’à l’Arc de Triomphe.
Rives du Lez
Traversez Antigone jusqu’à l’Hôtel de Région et venez vous détendre au bord des Rives du Lez, un autre endroit où les Montpélliérains aiment respirer et profiter de la nature, tout en admirant une architecture résolument plus moderne.
L’Arbre Blanc, par exemple, est un projet architectural notable à l’initiative d’un cabinet tokyoïte : il s’agit d’une sorte de « folie montpelliéraine moderne » dont une partie de la terrasse est publique et abrite un bar-restaurant (conseillé pour la vue sur la ville). Une folie est le nom donné aux belles demeures bourgeoises de Montpellier construites essentiellement dans le courant du XVIIIe siècle et qui servaient de résidence d’été à leurs riches propriétaires.
Port Marianne
Enfin, vos pas vous auront guidé au niveau du quartier de Port Marianne. Si vous aimez les écrins de nature en pleine ville, ne manquez pas le bassin Jacques Cœur.
Si l’architecture de ce quartier est son atout majeur, l’un des bâtiments les plus notables à mon goût est la résidence Koh-l-Noor (« montagne de lumière » en perse), imaginée par l’architecte Bernard Bühler. L’aluminium et le verre miroir des balcons de cette résidence offrent un terrain fabuleux aux jeux de lumières, qui varient d’ailleurs en fonction de l’heure de la journée (en fin de journée, la résidence projette même des effets de lumière sur le chemin qui longe le Lez, un régal pour les yeux !).
Les Halles du Lez
Enfin, clou de la balade, longez les rives jusqu’à atteindre les Halles du Lez, un complexe réhabilité où vous trouverez de nombreux bars et restaurants (dont certains sur les toits), des food trucks ainsi qu’un espace brocante, une boutique pour les enfants et un fleuriste, entre autres (RIP la jolie boutique de la Maison Pernoise qui régalait nos yeux à chaque passage).
C’est un endroit très agréable où farnienter un peu du printemps à l’automne !
Autres idées de visites
Si vous restez plusieurs jours à Montpellier, n’hésitez pas à pousser du côté du parc du Domaine d’Ô et de celui du Domaine de Méric, de beaux endroits pour les amoureux de nature et de folies montpelliéraines. Autrefois situées en campagne, elles ont été rattrapées par la ville au fil des siècles, mais valent toujours le coup d’œil ! Je conseille le premier pour son oliveraie et ses pins parasol, et le deuxième pour la variété de ses paysages (forêt, prairie fleurie au printemps, verger…) et sa proximité avec le Lez (attention aux moustiques en été !).
J’espère que cette petite balade vous aura plu. Si c’est le cas, et/ou que vous avez des questions, les commentaires sont là pour ça ! 🙂
Pour les intéressés, j’ai réalisé ces photos argentiques avec un Canon AV-1 ou un Pentax Me chargés de toutes sortes de pellicules parmi lesquelles de la Gold 200, Portra 160, Lomo Metropolis, Kodacolor, Ultramax, Washi S, Ilford FP4, Kentmere Pan 100, Tri-X 400…
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