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Écologie

Etre minimaliste pour être davantage éco-responsable ?

Étant ces jours-ci en pleine phase de tri pour cause de déménagement fin avril et début mai, je pense beaucoup à adapter mon mode de vie de manière à limiter la pénibilité de cette période à l’avenir.

En pleine réflexion depuis quelques mois sur le minimalisme et sur ma manière de consommer, je me suis dit que j’allais vous en parler ici. Entre temps, en navigant sur Netflix je suis tombée sur un documentaire qui m’a beaucoup interessée. C’est donc l’occasion de vous en parler aussi et de m’en servir pour étayer mes propos.

L’éco-responsabilité en quelques mots

Être éco-responsable, c’est veiller à limiter autant que possible l’impact de son existence sur l’environnement qui nous entoure. Ce n’est pas forcément aller vivre dans les bois et refuser toute forme de modernité (je pense notamment au film Captain Kid, peut-être l’avez-vous vu ?), mais chercher à vivre avec son temps et la technologie tout en refusant les abus et dérives.

En faisant certains choix, il est possible de minimiser très fortement les nuisances que nous exerçons au quotidien sur l’équilibre des écosystèmes, et ainsi de réduire de manière significative la production de gaz à effet de serre, le facteur de pollution des eaux etc.

Si vous vous demandez comment, je vous renvoie à deux articles que j’avais rédigés sur ce blog il y a un peu plus d’un an :

Mettre en place une partie ou l’intégralité de ces écogestes change vraiment la donne, d’abord à petite échelle, et si on est plus nombreux à s’y mettre, à de plus en plus grande échelle !

Qu’est-ce qu’être minimaliste, et quelle finalité ?

Être minimaliste, c’est vivre en se contentant du nécessaire, éviter le superflu et ce qui ne relève pas de l’indispensable au quotidien, ou d’une activité précise (affaires de sport si l’on pratique un sport, etc.).

Il n’y a pas « un » minimalisme, mais plusieurs « minimalismes », en fonction du modèle que l’on juge bon pour soi. Même si certaines personnes ont gagné en notoriété en proposant un modèle, ce n’est pas forcément à reproduire tel quel : il n’y a en vérité pas à se soucier d’un nombre maximum d’objets à posséder, juste de la valeur qu’on leur attribue.

Visuels piochés sur Pinterest (voir mon tableau « déco »)

« Minimalism : a documentary about the important things »

J’ai vu récemment le documentaire « Minimalism: a documentary about the important things » que l’on peut trouver sur Netflix. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aborde plusieurs points de réflexion intéressants, et possède la faculté de donner de nombreux exemples et témoignages à qui commence à s’engager un peu dans cette démarche. C’est un documentaire un peu réalisé « à l’américaine », avec la recette habituelle (témoignages multiples qui viennent aussitôt appuyer le propos, un soupçon de pathos, une trame très chronologique) : à la base je n’en suis pas spécialement friande, mais il y a tout de même très souvent quelque chose à en tirer. Comme The True Cost, celui-ci aborde un sujet donnant matière à réfléchir / agir.

Quelques enseignements du documentaire 

Tout d’abord, posséder ne rend pas heureux : ce n’est pas l’accumulation des objets qui dessinent les contours du bonheur. Beaucoup de personnes possèdent énormément de biens (de luxe ou non) ne se définissent pas comme étant foncièrement heureuses. On comprendra mieux la raison plus bas.

Par rapport à il y a 50 ans, on vit globalement dans de plus grands espaces qui ne se révèlent pourtant pas suffisants (en témoigne l’essor des locations de « box » de stockage, notamment aux USA). Constat : plus on vit dans un grand espace, plus on est tenté d’y faire entrer un nombre important d’objets, ne serait-ce que pour combler le vide, pour « meubler » (car le vide impressionne). Une phrase dans le documentaire m’a interpellée :

« L’action la plus responsable, c’est de vivre dans le plus petit espace possible. »

Je trouve intéressante d’ailleurs la réflexion proposée qui consiste à réfléchir à la création d’un espace pour nos modes de vie, et non l’adaptation de nos modes de vie à un espace. L’un de ceux cités m’attire depuis quelques temps et j’espère avoir l’occasion de le tester un jour : il s’agit de l’habitat en tiny house. Petit aparté sur ce concept génial : en général, une tiny house est une petite maison écologique, la plupart du temps construite sur roues et d’une surface de de 4 à 20 m². J’avoue que 4m² ça me semble un peu petit pour plus d’une personne, en revanche les modèles de 15 à 20m² m’envoient vraiment du rêve ! L’avantage principal de la tiny house est d’être généralement conçue sur mesure en fonction des habitudes de vie de ses occupants (un coin bureau ou atelier, un coin lecture, un coin pour recevoir etc.). Ainsi l’espace est optimisé de manière à leur permettre une juste adéquation entre zones de vie et stockage. Parmi ses autres points d’intérêt, on peut encore noter :

  • la mobilité : un nouveau terrain, un raccordement et l’aventure recommence ailleurs !)
  • un gain de temps en rangement et nettoyage : idéal pour consacrer son temps à des activités plus ludiques et/ou sociales
  • un achat sans endettement / crédit : forcément moins de pression sur les épaules et une réelle sensation de liberté (et de l’argent restant pour vivre davantage d’expériences)
  • moins de frais d’entretien, d’électricité et de chauffage (donc encore une fois, plus d’argent à consacrer à des voyages et/ou sorties)
Visuels piochés sur Pinterest (voir mon tableau « tiny houses »)

Avec moins de possessions, on se crée également moins de « faux besoins » et donc moins de frais : il devient moins nécessaire de travailler pour les combler, la vie étant ainsi recentrée sur l’essentiel. On vit avec « moins » (moins d’objets, moins de désordre, moins de distractions, moins de stress) mais en fait, avec bien « plus » (plus de temps, plus de relations importantes, plus de satisfaction).

« Minimalism: a documentary about the important things » met aussi le doigt sur un élément-clé, du moins à mon sens. Les possessions viennent en effet souvent combler une faille. C’est notamment le cas lorsqu’elles résultent d’un achat compulsif, c’est-à-dire qui n’a pas été mûrement réfléchi (pendant plusieurs heures voire jours). Les achats mûrement réfléchis sont ceux que l’on regrette le moins, puisqu’on a eu le temps de peser le pour et le contre et d’évaluer notre réel(le) « besoin » / « envie ». D’autres possessions semblent répondre à un statut ou à une image dicté(e) par le marketing (qui cache pour chaque objet une date de péremption derrière une tendance / une mode), ce qui pousse à remplacer un objet dès lors qu’il ne renvoie plus l’image ou la valeur sociale qu’on attend de lui. Pourtant, l’accumulation d’objets ne remplit jamais le vide que l’on cherche inconsciemment à combler, l’être humain ne cessant de déplacer la cible de son désir : les philosophes Grecs avaient d’ailleurs compris que le désir est une mauvaise chose s’il gouverne l’esprit (nous faisant pencher pour la démesure).

D’après Juliet Schor, une psychanalyste interviewée, on est trop matérialistes (on donne trop d’importance au fait de « posséder »), mais en fait pas assez au sens véritable du mot, c’est-à-dire que l’on n’apprécie pas suffisamment le fait de posséder tel ou tel objet et que donc, on n’en prend pas soin. J’avais déjà pris conscience de ce point à la lecture de « Walden (ou la vie dans les bois) » de Henri-David Thoreau (un Bostonien parti vivre quelques années dans les bois, près de l’étang de Walden – au passage il s’agit d’une coïncidence, on ne connaissait pas notre futur lieu de vie à l’époque à laquelle on a tous deux lu ce livre !).

Pour finir sur ce documentaire, je préciserai juste que la volonté des deux hommes minimalistes qui en sont à l’origine n’est pas de faire du prosélytisme mais bien de partager des recettes / idées qui peuvent fonctionner pour d’autres personnes qu’eux : c’est aussi l’objectif de mon blog, même si la nuance peut être difficile à saisir (même pour mon entourage). Mais vu l’écho que certains de mes articles peuvent avoir parfois pour vous, je me dis que le risque d’être mal compris(e) en vaut la peine 🙂

Visuels piochés sur Pinterest (voir mon tableau « déco »)

Ma propre réflexion et expérience

Depuis que je vis en couple (soit près de dix ans), j’ai connu plusieurs formats : deux appartements T2 de 45m², un T3 de 60m², un T1 de 25 m² et aujourd’hui, un T2 d’environ 30 à 35m² (30 d’après le contrat mais on pense avoir un peu plus). Le prochain appartement ? Ce pourrait être un studio ou une simple chambre au sein d’une collocation, l’avenir nous le dira.

Avec les années et l’expérience, on s’est rendu compte que finalement, comme on est toujours tous les deux dans la même pièce (celle de vie, où comme son nom l’indique, on mange, on travaille et on se détend), vivre dans un appartement plus grand qu’un T2 ne nous apporterait rien de plus. Enfin si, du ménage supplémentaire et une accumulation d’objets et meubles inutiles…

En ce qui concerne les objets justement, j’avais pris l’habitude de posséder beaucoup de choses, beaucoup TROP de choses (en tout cas, davantage que l’amoureux). Avec les années et les déménagements, j’ai appris à diminuer ; malgré tout, pour cette parenthèse espagnole (qui devait être beaucoup plus courte à l’origine), nous avons ressenti tous deux le besoin de stocker dans nos familles de nombreuses affaires, en perspective de notre retour en France. Ces choses, nous avons tout à fait appris à nous en passer durant ces trois années. Bilan, j’en ai récupéré une partie, et ai recommencé à vendre / donner. Pourquoi ne pas l’avoir fait lorsque nous avons déménagé, il y a 3 ans ? Tout simplement par facilité, par crainte d’être « dépossédés » de certains objets que l’on croyait indispensables, par sentiment d’en avoir « besoin » une fois de retour en France (retour qui n’est pas pour demain…).

Alors certes, on compte toujours stocker certains livres et quelques objets essentiels pour le déménagement qui arrive, mais si peu au regard de tout ce que nous avions accumulé, et avec tant de tri encore à faire sur les affaires rescapées du déménagement précédent… L’idée est d’arriver à 10 cartons de moyenne taille en tout, et de partir à Boston avec 1 sac-à-dos + 1 valise cabine + 1 grande valise en soute chacun (et c’est encore beaucoup, quand on y pense). Y arriverons-nous ? Je l’espère vraiment, et je fais tout pour, avec un réel soulagement à chaque vente / don et chaque objet qui disparaît de nos vies ! En effet, plus notre espace s’aère, plus on respire et plus on se sent détendu, c’est vraiment très bénéfique et j’ai clairement pu distinguer un avant / après (un intérieur plus calme et très aéré me repose et me calme instantanément).

Visuels piochés sur Pinterest (voir mon tableau « déco »)

Comment s’engager dans la voie du minimalisme ?

Pour être davantage minimaliste, on peut commencer par évaluer son rapport aux objets en étant certain que ce que l’on possède remplisse une fonction ou soit esthétique (l’idéal étant de lier l’utile à l’agréable !), en mettant en quelque sorte en application la citation suivante :

« N’aie rien chez toi que tu ne trouves utile ou beau. »

William Morris

Pour ce faire, on peut par exemple :

  • éviter les collections contemplatives qu’on finit par oublier et ne plus regarder
  • fuir les objets-doublons qui ne servent jamais
  • optimiser l’utilisation des objets que l’on possède (un tabouret pouvant servir de tablette de nuit, de tabouret pour atteindre les placards hauts et de siège d’appoint)
  • arrêter de stocker et stocker des objets « au cas où ».

Concernant la fonction esthétique, nos goûts évoluant, il est bon de se demander de temps à autre si tel ou tel objet nous comble vraiment par sa présence : est-ce qu’on ressent quelque chose à sa vue, à son utilisation ? Un objet n’apportant pas une réelle satisfaction n’a pas de raison de faire partie de notre quotidien. Il nous encombre, physiquement et mentalement, c’est pourquoi faire du tri procure une telle sensation de bien-être et de légèreté. Se séparer de l’inutile ou de l’obsolète, c’est se libérer de l’espace mental pour fixer son attention (consciemment ou non) sur autre chose.

Honnêtement : combien d’objets sont rentrés dans notre intérieur sans raison particulière ? De combien d’objets ne réussissons-nous pas à nous séparer pour de mauvaises raisons (cadeau, culpabilité car héritage familial, valeur financière etc.) ? Les « mauvaises raisons » sont autant de chaînes que l’on peut briser pour se sentir plus léger, plus vrai, plus « soi ».

Lorsqu’on parle de minimalisme, pour reprendre une idée développée par le documentaire que j’ai cité, « nombreuses sont les personnes à considérer qu’on veut leur ôter quelque chose ». Le minimalisme a davantage trait à une réflexion sur la possibilité d’un mode de vie à la fois meilleur pour soi et pour les autres (les bienfaits écologiques n’étant pas répercutables que sur notre propre quotidien mais à une échelle plus large). « Ce n’est pas non plus la recherche d’une vie parfaite, mais d’une vie plus simple et plus facile. »

Peut-on séparer écologie et minimalisme ?

A mon sens, si l’on souhaite aller plus loin en matière d’écologie et de mode de vie écoresponsable, il est nécessaire de réfléchir à ce que l’on possède en se questionnant sur notre consommation, sur l’impact sur l’environnement qu’engendrent nos possessions (fabrication et fin de vie). Chercher à simplifier son mode de vie est résolument un pas vers un moindre gaspillage de ressources et d’énergie (à la fabrication, au recyclage ou à la destruction).

Pour cela, il ne suffit non pas de ne plus consommer (dans la société actuelle, c’est presque impossible, même Henri-David Thoreau en vivant à Walden gardait un lien avec le village le plus proche pour des travaux de couture / réparation, et pour se fournir en certains éléments de construction), mais de MOINS consommer, de ne pas SUR-consommer. En SOUS-consommant et en simplifiant / modifiant son mode de vie (voir les articles que je citais en début d’article), on diminue drastiquement son impact sur l’utilisation du pétrole et la pollution des eaux et de l’air ainsi que le recours au plastique, entre autres.

Peut-être peut-on considérer aussi qu’au lieu de cumuler 3 objets pour 1 action, mieux vaudrait posséder un seul objet plus efficace. Cela ne s’applique pas forcément à tous les domaines, mais si on réfléchit bien, beaucoup peuvent être concernés.

Si l’on prend en compte la fameuse pyramide de Maslow (et pas forcément dans l’ordre, celui-ci étant pas mal remis en question de nos jours, à part pour le premier échelon sans doute) pour satisfaire nos besoins des plus essentiels à ceux plus dispensables, on se rend compte que beaucoup de nos acquisitions ne répondent en réalité à aucun « besoin réel », ou très fluctuant (un objet acquis dans un besoin de reconnaissance sociale ne remplira pas sa fonction indéfiniment, en ce qu’il s’agit d’un « désir comportementaliste » et que les comportements évoluent).

Je me vois difficilement dissocier le minimalisme (même à un degré faible) d’un mode de vie éco-responsable dans la mesure où veiller d’un côté à son empreinte écologique quotidienne et de l’autre sur-consommer sans se poser de questions me semble paradoxal. J’ai l’impression qu’une démarche en appelle une autre, pas forcément simultanément (car tout prend du temps à se mettre en place), mais à terme.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Image à la une : Sarah Dorweiler (Stocksnap)

A propos

Hello et bienvenue ! Photographe spécialisée dans le mariage et la famille (@poesieboheme), je suis aussi blogueuse sur les thématiques du voyage et du slow living. J'aime révéler la poésie du quotidien à travers mes photos et savourer les moments simples. Après quinze ans de pérégrinations dont un peu plus de 5 à l'étranger, j'ai fini par poser mes valises à Montpellier.

6 Commentaires

  • Ornella
    15 avril 2018 at 13 h 47 min

    Je crois que j’aspire à vivre ainsi. Même si à certains sujets, je reste une collectionneuse, en livres par exemple. Mais, si après lecture, le livre ne m’a pas plu, je n’hésiterai pas à le revendre.

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    • parenthesecitron
      15 avril 2018 at 13 h 58 min

      Les livres (et vinyles d’ici quelques temps) ça resterait pour moi également une exception, à condition que chacun m’apporte vraiment quelque chose. Pas vraiment pour des romans par exemple (j’ai une liseuse) mais pour des  »beaux livres » auxquels revenir de temps en temps (connaissances, inspiration…).

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  • Marion
    18 avril 2018 at 9 h 41 min

    Ne pas se prendre la tête, vivre de peu et vivre bien, en parfait équilibre avec ni trop, ni trop peu, tel le yin et le yang : si c’est une définition possible de l’un de ces minimalismes, alors j’ « achète » hihi !

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    • parenthesecitron
      18 avril 2018 at 9 h 53 min

      Ah ah oui, je pense que ça peut résumer une de ces formes en effet !

      Répondre
  • Sur un petit nuage (Virginie)
    6 mai 2018 at 18 h 25 min

    Merci beaucoup pour cet article qui donne vraiment envie de s’y mettre et pour de bon ! Même si pour certains éléments je resterais une collectionneuse, j’aime trop les livres et les carnets pour cela par exemple.
    Mais peut-être qu’un jour, je changerais mon approche.

    Bonne soirée

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    • parenthesecitron
      8 mai 2018 at 10 h 41 min

      Avec plaisir ! Tant que les objets que tu gardes t’apportent un vrai plaisir, aucune raison de t’en priver, au contraire 🙂

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